Vendôme

Le site de Vendôme a tous les caractères requis pour figurer dans l’histoire. Dans la vallée un vaste banc de cailloux engendre des courants multiples, permettant le franchissement à gué ou sur de petits ouvrages faciles à construire et sur le plateau, au sud, un éperon caractérisé qui va fixer les premières implantations humaines. En configuration primitive, une population de 4 à 600 personnes occupe l’éperon, transforme la pointe en réduit défensif et installe ses troupeaux  dans des enclos de haies vives établies dans la vallée. Les premières cultures se feront sur le plateau sud. Cette communauté aménage des franchissements multiples et construit un tronçon de voie sur berge qui rejoint, en amont et en aval, d’autres cheminements du même type, créant ainsi un carrefour favorable au développement d’un artisanat et d’un commerce de proximité. Cette première agglomération basse se situe donc dans le val Saint-Lubin. Avec les installations permanentes qui bordent le franchissement, nous avons là une agglomération de 800 à 1.200 personnes. A l’époque où l’ordre romain s’impose, le franchissement est exploité par un itinéraire menant du Mans à Blois et, par une autre voie traditionnelle aménagée, menant de Chartres à Tours. L’agglomération prend de l’importance et devient Vindocinum. Au second siècle, à la période la plus faste, la ville compte 3 à 4.000 habitants et l’essentiel de la population est alors installé dans la vallée sur une amorce de voie maillée.

Toutes ces installations ouvertes seront détruites ou saccagées sur la période sombre qui va de 250 à 280 et la population se réfugie sur l’éperon auquel on redonne ses caractères défensifs d’antan mais, à chaque période de répit, les plus téméraires rejoignent les ruines de leur habitation dans la vallée et le tracé des voies antiques, comme le parcellaire, se maintient au sol. A l’époque constantinienne, les missionnaires chrétiens viennent évangéliser la petite cité et Saint-Martin, évêque de Tours, fut peut être l’un d’eux au temps où il vivait à Marmoutier. Le premier sanctuaire qui borde la voie de franchissement lui sera dédié.

A l’époque mérovingienne, la ville renaît et, dès le carolingien, elle s’inscrit sur un itinéraire très fréquenté menant de Paris à Tours par Chartres et Châteaudun. A l’aube de la période romane, elle a retrouvé 1.500 à 2.000 habitants essentiellement installés dans la vallée  et sur quelques voies antiques préservées.  Par ailleurs, quelques aventuriers en armes, protecteurs un jour et parasites toujours, se sont fixés sur la pointe de l’éperon pesant lourdement sur l’économie locale. Les derniers en date furent sans doute les mercenaires carolingiens ayant pour vocation avouée de protéger les habitants contre les incursions normandes.

Au début de son long règne, Foulques Nera , comte d’Anjou, entreprend de rassembler sous sa bannière tous les petits seigneurs du Val de Loire et le château de Vendôme tombe sous sa coupe. La position est d’importance, elle peut contrôler la route de Tours comme le commerce céréalier de la Beauce. Vers 1034/1035, le maître du château est le propre fils de Foulques Nera, Geoffroi  Martel. Par un beau matin d’été, il voit trois étoiles tomber sur la fontaine qui se situe en amont de l’agglomération. Le comte de Vendôme saisit là une bonne occasion de signifier sa piété aux habitants qui ne l’apprécient guère. Il descend dans la ville avec son épouse, Agnès de Bourgogne, et fait dire une messe en l’honneur de la Sainte-Trinité dans l’église Saint-Martin. Les autorités ecclésiastiques consultées affirment que le signe céleste est sans ambiguïté. Il faut construire là une abbaye dédiée à la Sainte-Trinité et les travaux commencent dans les années qui suivent. La nouvelle maison du seigneur est confiée aux moines de l’abbaye de Marmoutier qui se trouvent déjà sous influence clunisienne. Les statuts précisent que si la communauté fondatrice ne peut proposer un personnage digne de remplacer l’abbé en cas de décès ou de vacance, il sera fait appel à un Clunisien. Agnès de Bourgogne est sans doute à l’origine de ces judicieuses décisions qui dépassent les bonnes intentions de Geoffroi Martel. Quelques années plus tard, l’abbaye sera placée sous la dépendance directe du Saint-Siège.

L’église construite par les moines de Marmoutier comporte un chevet avec déambulatoire et cinq chapelles rayonnantes, ces dernières sont voûtées en cul de four et le déambulatoire reçoit un berceau annulaire mais le sanctuaire demeure couvert sur charpente, suit un transept débordant avec une tour de croisée qui peut recevoir une tour lanterne et une nef à huit travées clôturée par une simple façade. L’édifice reçoit une consécration partielle, le 31 mai 1040, c’est l’année où Geoffroi Martel succède à son père comme comte d’Anjou. En 1060, Agnès de Poitiers, fille d’Agnès de Bourgogne devient impératrice régente d’Allemagne et obtient, en 1063, que l’abbé de Vendôme soit, d’office, membre du Sacré Collège. Ainsi, récemment fondée l’abbaye de la Trinité de Vendôme devient l’un des hauts lieux religieux de l’Occident.

Vendôme Vendôme

 

Vendôme - Abbatiale de la Trinité Vendôme - Abbatiale de la Trinité

 

Vendôme - Abbatiale de la Trinité en 1050 Vendôme - Abbatiale de la Trinité en 1050

Vendôme - Abbatiale de la Trinité en 1050

 

Vendôme – Les ruines du château

 

Vendôme – Abbatiale de la Trinité : vue d'ensemble

 

Vendôme – Abbatiale de la Trinité : le clocher

 

Vendôme – Abbatiale de la Trinité : intérieur de la nef gothique