GOURDON

Faisant face au Mont St-Vincent, de l'autre côté de l'ancienne voie romaine menant de Mâcon à Autun, par le bassin de la Grosne, la hauteur de Gourdon est dominée par une belle église romane. Ses caractères architectoniques la situent proche d'Anzy le Duc et nous la place­rons en seconde position vers 1070/1085. En plan, le chevet comporte toujours une abside flanquée de deux grandes absidioles mais ces dernières sont placées directement sur les croisillons sans partie droite. Le transept est peu saillant tandis que la nef avec bas-côtés comporte quatre travées. La largeur de la nef est infé­rieure à 12m., l'entraxe des piles est de 5,40m. tandis que la longueur totale de l'édifice est de 31,20.Enfin, la hauteur des bas côtés est de 5,20m. et celle des voûtes de la nef de 10,80m. L'édifice est donc nettement plus petit qu'Anzy le Duc.

A l'intérieur, cette fois, les arcs de la croisée et la partie droite du chevet se trouvent alignés sur le niveau des grandes voûtes. Cette disposition donne au vaisseau principal une unité que n'avaient pas obtenue les constructeurs d'Anzy le Duc. Comme l'abside est toujours basse la travée droite peut être éclairée par une fenêtre axiale mais les parties orientales croisée et travée droite du chevet sont portées par des arcs de profil brisé tandis qu'ils sont en plein cintre dans le reste de l'édifice. Ainsi croisée et partie haute du chevet peuvent être des aména­gements postérieurs (1090.1100).

La nef à quatre travées est très homogène dans son dessin. Le niveau médian, celui qui correspond "aux combles des bas-côtés, se trouve souligné par un bandeau surmonté de deux arcades portées par des colonnettes. Leur faible importance relative ne leur permet pas d'avoir une fonction architectonique évidente. Elles sont à classer dans cette décoration qui, dès la fin du Xle s.,envahit l'architecture romane de la province et ne lui apporte pas grand chose.

Mise à part cette petite touche, les piles cantonnées avec structure en croix et colonnes engagées sont bien conformes au parti, les archivoltes et les grands doubleaux à double rou­leaux aussi. Pas de colonnades engagées non plus sur les bas côtés et les voûtes d'arêtes sont toujours proches du dessin classique, tandis qu'à l'extérieur les contreforts hauts et bas sont de section modeste comme à Anzy le Duc.

En résumé, une petite église régulière et bien constituée dont l'édification première doit se situer de 1070 à 1085 mais qui sera sans doute reprise à la croisée et dans les parties hautes de l'abside pour l'édification de la tour à la fin du Xle s. vers 1090/1100.


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Gourdon, que nous avons placé en deuxième position dans le groupe sud est très proche d'Anzy le Duc. Même choix dans les rapports d'élévation, 48 % pour le bas-côté contre 50 % à Anzy le Duc, même esprit dans le traitement des voûtes avec tailloirs surélevés pour les doubleaux des bas-côtés A et même rapport relatif entre volume et structures, avec cependant un traitement de détail légèrement plus soigné (arcature au niveau médian).


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En plan, le dessin est régulier, homogène, avec un transept saillant B et une abside profonde. C'est un parti qui deviendra classique à la période romane finale. Les reprises de la croisée pour obtenir un plan carré favorable à la tour (vers 1090) se sont caractérisées par un déplacement des piles orientales C et l'installation de quatre arcs perpendiculaires D qui ont le mérite d'épauler la tour de la croisée.