ANZY-LE-DUC

Si ses caractères architectoniques nous la présentent comme la plus ancienne, c'est aussi la plus pure et la plus belle du groupe sud. Le plan, surtout côté chevet, avec abside flanquée de deux absidioles fait naturellement penser à Cluny II; mais sur les croisillons ce sont deux absides en hémicycle qui remplacent les grandes sacristies rectangulaires de Cluny. Enfin, le sanctuaire d'Anzy le Duc est prolongé par une petite chapelle axiale qui n'existe nulle part ailleurs en Bourgogne et qui la rattache directement à la cathédrale d'Auxerre.

Dans son étude sur les églises du Brionnais, Jean Virey, qui reprend les travaux d'André Rhein,estime que toute la partie orientale de cette église correspond à une première campagne distincte et, de fait, le traitement semble différent. La travée droite de l'abside, comme les croisillons du transept, sont voûtés en berceau et ces voûtes s'alignent sur les arcs de la croisée; mais si cela peut constituer un caractère archaïque, ce n'est pas sans appel. Dans l'abside la facture est soignée et la structuration de même nature que dans la nef. Par contre, archaïsme et absence de structures se trouvent dans le transept et dans les absides externes qui pourraient constituer les parties conservées d'un édifice précédent.

Avec ses cinq travées d'un pas moyen de 5,20m.,sa largeur interne de 14m et sa largeur à l'axe des piles de 6,70m. la nef d'Anzy le Duc est modeste mais non petite. La hauteur des bas côtés est de 6,60m tandis que celle du vaisseau central est de 14m., soit une valeur égale à la largeur. Enfin, la longueur totale interne de l'édifice est de 43,50m.

Les piles, avec structures en croix et colonnes engagées, sont traitées en toute rigueur, et les doubleaux et archivoltes sont à double rouleau comme l'exigent les structures portantes. Dans cette ossature bien dessinée, les voûtes sont encore proches du volume classique mais cependant traitées à l'unité. Enfin, conformément à l'esprit du groupe sud, les doubleaux des bas côtés sont simple et le revers des piles ne comporte pas de colonnes engagées.

Dans son ensemble, l'édifice est d'un plan très homogène, régulier et sans désaxement. Si toutes les parties orientales, absides et transept se démarquent de l'ensemble par des voûtes plus basses mais cependant alignées sur les arcs de la croisée, ce n'est pas exceptionnel, ces caractères se retrouvent à Semur en Brionnais. Là aussi, cette différence, surtout manifeste de l'extérieur a fait juger les parties orientales antérieures mais, dans les deux cas, l'homo­généité du plan et les structures internes contredisent l'impression de rupture que donne l'élévation extérieure. D semblerait que l'envolée des procédés techniques ait principalement servi les nefs tandis que les chevets se figeaient dans un état archaique mais satisfaisant. Enfin, pour terminer cette approche d'Anzy le Duc, voyons la très belle tour polygonale qui domine la croisée. A la fois rustique mais légère et harmonieuse, avec les trois niveaux aux grandes baies en plein cintre, c'est la plus belle du Brionnais. Elle est postérieure à l'édifice et doit probablement dater de la fin du Xle s.


Anzy le Duc (Brionnais)

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Les travées d'Anzy le Duc sont puissantes, archaïques mais d'une admirable pureté. Les piles cantonnées avec structure en croix, A,reprennent parfaitement les structures hautes : doubleaux des bas côtés C et archivoltes D, tandis que les contreforts hauts E et bas F montrent bien que le Maître d'œuvre a pris conscience des forces issues de sa composition.

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La plupart des auteurs qui ont traité Anzy le Duc se sont accordés sur une chronologie portant sur deux campagnes : les parties orientales d'abord et la nef ensuite, mais l'analyse architectonique et le contexte régional plaident différemment. Nous proposons l'articulation suivante: Sur un transept antérieur A; construction d'une nef à 5 travées B de 1060 à 1070, et enfin réaménagement des parties orientales C avec édification de la tour polygonale vers 1070.1090.