LA COLLEGIALE DE BEAUNE

La collégiale de Beaune est une œuvre tardive où se mêlent à la fois dessins rationnels et formes archaïques. Le chevet qui adopte le plan à grand développement avec déambulatoire et chapelles rayonnantes comporte sept travées régulières au-delà d'un hémicycle outrepassé. Ce déambulatoire ouvre sur trois chapelles en hémicycle peu profond avec trois fenêtres chacune. Elles sont naturellement séparées par des travées intermédiaires. C'est donc un plan rationnel mais sur ces assises excellentes, le traitement en élévation sera timide et gauche.

Les doubleaux rayonnants sont en plein cintre. Ils reposent côté sanctuaire sur les piles où leur place n'a pas été rationnellement prévue, tandis qu'à l'extérieur ils s'appuient sur un faux corbeau situé au dessus des tailloirs qui marquent la base de l'arc des chapelles. Ces struc­tures maladroitement surélevées et garnies de voûtes d'arêtes vont permettre d'ouvrir de petites fenêtres au-dessus des chapelles et de plus grandes dans les travées intermédiaires. Ces détails font naturellement penser à une mauvaise copie de Paray le Monial. Les idées sont là mais dans une composition désordonnée. Ces éléments nous donneraient une date de 1110/1120; pourtant les arcades du sanctuaire sont brisées, ce qui constitue un signe plus tardif, 1120/1140. Ce premier niveau du sanctuaire est surmonté par un étage d'arcades correspondant aux combles du déambulatoire mais fenêtres hautes et cul de four ont disparu pour laisser la place à de belles fenêtres gothiques comme à Autun, ce qui sous-entend que les émules du Maître de Cluny ont eu de sérieux ennuis avec leur cul de four.

Après ce sanctuaire de médiocre facture, nous trouvons une travée droite, bien conforme au parti clunisien, qui comporte bas-côtés voûtés d'arêtes, triforium correspondant aux combles des bas côtés, niveaux de fenêtres hautes et au sommet une voûte en berceau brisé structurée par de puissants doubleaux. Les options fondamentales comme les structures en croix sur les piles, ainsi que les menus détails comme les cannelures sur les piles engagées côté nef, sont tou­jours respectées.

Au-delà de cette première travée formant partie droite du chevet, nous trouvons un transept avec deux croisillons saillants. Sa largeur est égale à celle de la nef, 8,20 m à l'axe des piles ce qui donne une croisée carrée. Ce transept, notamment dans son croisillon sud, semble antérieur au traitement clunisien. Il pourrait constituer l'élément conservé d'une précédente église mais l'implantation est bien régulière, ce qui est rarement le cas en pareille circonstance.

Au-delà du transept se développe une grande nef à trois vaisseaux et six travées. Sa largeur à l'axe, nous l'avons dit, est de 8,20 m; sa largeur interne est de 16,80 m et le pas des travées très irrégulier va de 6,20 à 7,50 m. Enfin, la hauteur sous voûte est de 21,40 m. C'est plus faible que Paray le Monial 22,40 m et Autun 23,80 m. mais de fort peu.

Jugée sommairement dans ses proportions, cette nef est la plus défavorable de toutes. Les 2e et 3e niveaux font 72 % du premier contre seulement 44 % à Paray le Monial et de fait elle connaîtra les problèmes communs au groupe. Un fléchissement est nettement visible entre le sommet du bas côté et les 2e et 3e niveaux mais il n'est pas égal sur toutes les travées. Elle recevra des arcs-boutants au milieu du XIIIe s.; ils sont moins puissants qu'à Autun mais il a fallu les implanter hors de l'édifice.


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LA COLLEGIALE DE BEAUNE

Le plan de la collégiale de Beaune fait la synthèse des expériences clunisiennes. Le chevet à trois chapelles et sept travées rayonnantes se trouve régulièrement implanté et la liaison se fait avec une travée droite qui reprend le volume de la nef. Le transept saillant,à cinq travées perpendiculaires, comporte une croisée de plan carré bien implantée. Enfin, l'édifice se poursuit par une nef à trois vaisseaux et six travées, parfaite ment régulière. C'est un plan rigoureux, c'est la composition clunisienne mais si les formes sont là, l'esprit n'y est pas. L'édifice va connaître de nombreux problèmes. Le plan se développe comme si tout au long du chantier le constructeur avait dû négocier avec une nef basilicale existante et le croisillon sud qui s'intégre mal en élévation semble confirmer cette hypothèse. Pour « accorder » convenablement ce plan aux règles du Maître de Cluny, il eut fallu réduire la hauteur sous voûte et renforcer l'élévation externe au droit des travées, mais le constructeur n'aura pas cette sagesse et l'édifice sera assuré par des arcs-boutants dès le XIIIe s. -