LA COMPOSITION CLUNISIENNE

Si nous les comparons dans leurs rapports, les œuvres des bâtisseurs romans et gothiques peuvent se classer en trois options fondamentales dont les origines remontent au début du Xle s. Nous trouvons d'une part la quadruple élévation avec tribune qui nait dans les provinces du Nord et débouchera sur la première génération gothique du Xlle s. Ensuite une triple éléva­tion, qui peut être sans tribunes à la manière du Val de Loire, ou bien avec fausse tribune selon le parti roman de Normandie et de Grande Bretagne et c'est elle qui sera reprise ensuite par l'architecture gothique classique du XHIe s. Dans ce deuxième groupe le niveau au sommet des bas-côtés est toujours inférieur à la moitié de la hauteur sous voûte. Enfin il existe aussi une composition très minoritaire issue de la génération basilicale de l'an 1000 où les bas côtés étaient très hauts et très vastes puisque les problèmes mécaniques engendrés par les voûtes n'existaient pas. Elle s'illustre dans les nefs à grosses piles rondes comme celles de Gloucester et Tewkesbury ainsi qu'à St-Philibert de Tournus et cette fois le rapport est très différent. Le sommet du bas-côté dépasse la moitié de la hauteur. C'est ce rapport que va choisir le maître de Cluny,d'où l'importance considérable des piles que nous avons précédemment remarquée.

Si nous les comparons dans leurs rapports, les œuvres des bâtisseurs romans et gothiques peuvent se classer en trois options fondamentales dont les origines remontent au début du Xle s. Nous trouvons d'une part la quadruple élévation avec tribune qui nait dans les provinces du Nord et débouchera sur la première génération gothique du Xlle s. Ensuite une triple éléva­tion, qui peut être sans tribunes à la manière du Val de Loire, ou bien avec fausse tribune selon le parti roman de Normandie et de Grande Bretagne et c'est elle qui sera reprise ensuite par l'architecture gothique classique du XHIe s. Dans ce deuxième groupe le niveau au sommet des bas-côtés est toujours inférieur à la moitié de la hauteur sous voûte. Enfin il existe aussi une composition très minoritaire issue de la génération basilicale de l'an 1000 où les bas côtés étaient très hauts et très vastes puisque les problèmes mécaniques engendrés par les voûtes n'existaient pas. Elle s'illustre dans les nefs à grosses piles rondes comme celles de Gloucester et Tewkesbury ainsi qu'à St-Philibert de Tournus et cette fois le rapport est très différent. Le sommet du bas-côté dépasse la moitié de la hauteur. C'est ce rapport que va choisir le maître de Cluny,d'où l'importance considérable des piles que nous avons précédemment remarquée.

Le traitement de l'élévation haute

Le niveau du triforium et celui des fenêtres hautes vont constituer en fait un volume d'inertie qui aura pour charge de recevoir et de transmettre éventuellement les effets issus de la grande voûte, mais ici le choix du Maître de Cluny est sans équivoque. Par la vertu de son inertie et par le jeu subtil d'un déséquilibre interne soigneusement conçu , ce volume doit, en cas de rupture constituer un épaulement suffisant et n'engendrer qu'une charge verticale sur les structures des bas-côtés. C'est une voie de rigueur qui permet de négliger contreforts et murs boutants, elle tourne le dos de manière radicale à l'idée de reprise des forces qui abou­tira aux arcs-boutants gothiques. C'est pour cette raison que le parti du Maître de Cluny restera relativement hermétique à ses contemporains comme il l'est encore aujourd'hui à bien des approches dites savantes.

Au sommet des bas côtés, nous trouvons un niveau d'assise bien caractérisé qui se situe légèrement plus haut que le sommet des voûtes. C'est sur cette base que le Maître d'œuvre va réaliser un traitement à sa manière, mais il doit pour cela s'affranchir d'une coutume a priori fort raisonnable. En effet, l'habitude veut que ces élévations issues des murs soient de sections égales ou dégradantes vers le haut, mais jamais dégradées vers le bas, ce qui reviendrait à cons­truire une pyramide sur la pointe; et pourtant c'est bien cette démarche insolite que nous allons trouver dans l'élévation haute de Cluny III.

A la même époque, le constructeur de Lessay qui veut, lui aussi, construire puissant et voûté, a jugé qu'il lui fallait pour être en condition de sécurité une épaisseur de murs de 1,50m, bien que la hauteur des voûtes prévue soit assez faible, environ 14m. Alors, pour être fidèle au principe, les piles de base auront, elles aussi, un noyau de 1,50m d'épaisseur bien qu'elles soient flanquées de colonnes engagées. Mesurées en perpendiculaire à la nef,elles font 2m soit la moitié de leur hauteur qui n'est que de 4m. C'est donc un principe très contraignant.

A Cluny III les piles sont formées, nous l'avons vu, par des structures en croix et le gros rouleau de' l'archivolte qui correspond au volume longitudinal fait 1,25m d'épaisseur. Ainsi pour respecter la règle le mur à établir pour un tel support devrait faire 1,25m lui aussi et ce serait très insuffisant pour épauler l'énorme voûte inscrite au programme. Alors le constructeur va bousculer la coutume. Au dessus du niveau d'assise il repart avec un mur de 2,40m d'épais­seur mesuré à l'aplomb de l'archivolte. Il se trouve donc, vers le bas côté, en porte à faux de 1,15m par rapport à la structure de base. Mais la maçonnerie des voûtes d'arêtes offre un arc virtuel qui soutient parfaitement ce porte à faux.

Ce mur de 2,40m d'épaisseur et de 11m de haut constitue le volume d'inertie exigé par la voûte et peut être décompose en trois niveaux. Celui du triforium, celui des fenêtres hautes et enfin un dernier volume situé au dessus de la base de la voûte qui va agir comme un tas de charge. Le niveau du triforium qui fait 3,80m de haut se trouve garni, côté nef, de trois arca-tures. Celle du centre est ouverte pour permettre d'accéder sous les combles des bas côtés, tandis que les deux autres sont aveugles. Enfin, au sommet, nous trouvons un nouveau plan d'assises, c'est celui des fenêtres hautes.

A ce deuxième niveau l'épaisseur du mur se réduit. Il concède 0,40m environ vers l'exté­rieur mais ce volume perdu sera partiellement repris par des contreforts de faibles dimensions dont la disposition est exemplaire. Ce niveau des fenêtres hautes a perdu 45 % de son volume et pourtant c'est lui qui doit recevoir directement les effets de la grande voûte. Alors il est traité en structures perpendiculaires pour préserver toute la rigidité de l'ensemble et les maçon­neries sont de deux natures mais bien conformes aux contraintes qu'elles peuvent subir.

Les travées de la voûte en berceau sont séparées par de puissants doubleaux destinés à décomposer le coffrage pour en faciliter la réalisation mais aussi à parer au retrait des maçon­neries et faire ainsi office de joints de dilatation. Ces doubleaux doivent être confortés pour eux-mêmes mais aussi pour la section des voûtes dont ils ont la charge, soit environ 3m. Alors le contrefort extérieur correspondant est plus puissant que les autres et fait lm x 0,4. Par contre, les travées de la voûte qui font de 7 à 8m ne sauraient être reprises par les doubleaux en cas de rupture car ces effets seconds seraient alors absorbés par les deux structures placées entre les fenêtres et là aussi nous trouvons des contreforts mais de plus faible section 0,50m x 0,30m.

Ces contreforts, gros ou petits, situés à l'extérieur du mur ignorent naturellement le niveau interne correspondant à la base des voûtes et filent jusqu'au sommet, jusqu'à la corniche du grand comble. Nous avons appelé ces structures des contreforts et, si le terme est bon pour les désigner,ce n'est pas le meilleur pour les expliquer. Certes elles ont la forme de contreforts mais leur fonction dans cette énorme volume de maçonnerie est plutôt celle d'un rai disse ur comme nous le verrons bientôt dans une analyse d'ensemble.

Reste le troisième et dernier niveau, le tas de charge. Ce volume de maçonnerie de 2,40m d'épaisseur sur 12m de haut réalisé en blocage et parements a une inertie suffisante pour main­tenir la voûte projetée mais il est entaillé en son point critique par trois fenêtres qui lui prennent 45 % de sa section. Certes les maçonneries de ce niveau ont été traitées en structure et de manière particulière, mais pour donner toute sa valeur à cet appareillage plus soigné, il est nécessaire de le mettre en compression sous un gros couronnement de maçonnerie. Ce sera le tas de charge.

Le principe du tas de charge est peut être subtil mais il est facile de l'expérimenter. C'est l'empilage de cubes que l'on peut maintenir horizontalement en les comprimant. Si on relâche la compression l'empilage tombe et chacun comprendra aisément que l'on peut conserver les vertus du phénomène en plaçant l'empilage verticalement. Plus la pression sera forte, plus il sera difficile de faire glisser un cube hors de la pile. Il en est de même pour les pierres d'une maçonnerie ou bien pour un volume pris entre deux autres. La surélévation du tas de charge par rapport à des rampants de charpente posés sur les voûtes est d'environ 2m et cela nous donne sensiblement 75t. de complément pour une travée.

La voûte clunisienne, sa genèse

Il nous reste à voir maintenant le problème de la grande voûte. La Bourgogne possédait en la matière une expérience certaine. Depuis un siècle déjà les bâtisseurs de la province avaient exploité, avec des fortunes diverses, la plupart des procédés connus, les voûtes d'arête,les voûtes en berceau, plein cintre et brisé, les berceaux perpendiculaires et même le demi-berceau de contrebutement utilisé très tôt, vers l'an 1000, au narthex de Tournus. Dans ce catalogue bien fourni,le berceau brisé dont l'apparition est alors récente, ne semble pas se distinguer de ses concurrents et les raisons en sont fort simples. Les bâtisseurs traitent encore avec des formes et non avec les forces que toute structure en encorbellement doit engendrer après rupture. Ainsi ces voûtes créées de manière non viables tenaient un temps et les vertus propres à chacun des procédés ne pouvaient se dégager. Mais il faut pour aborder le sujet pénétrer dans le domaine simple et pourtant subtil de la mécanique.

Dès sa jeunesse, le Maître de Cluny a sans doute observé ces chantiers modestes où l'on retirait les lourdes couvertures de lauzes posées à même la maçonnerie pour les remplacer par de légères couvertures en tuiles à crochets posées sur charpente et c'est probablement à cette dure école du chantier qu'il a dégagé les règles fondamentales de la mécanique de quel­ques notions confuses encore noyées dans le secret des formes. Avec des expériences simples qui constituent les seuls arguments et critères des gens de métier, il a compris et prouvé autour de lui que l'ennemi de la voûte c'était le poids au sommet après rupture mais aussi que ces ruptures de maçonnerie étaient dues au gel et qu'il suffisait, pour se protéger du mal, de ventiler les combles. Ces observations simples vont être à la base des traitements clunisiens. Ce sera une technique infiniment rationnelle et très en avance sur son temps.

Reste le choix du berceau brisé. Certes il est plus rationnel que le traitement en plein cintre mais le très faible rapport adopté dans les premières réalisations ne devait guère être convaincant. Par contre si nous nous plaçons dans un contexte simplement pratique, cette légère modification de profil permet de réduire considérablement le poids des maçonneries au sommet et c'est sans doute pour cette raison qu'il s'est primitivement dégagé de son concur­rent, Ie plein cintre.

Le choix du traitement, grand appareil ou blocage

Dans son dictionnaire, Viollet Le Duc, qui n'avait guère abordé le roman donne pour une voûte en berceau un dessin figurant un traitement en grand appareil et de section constante. C'est un procédé qui n'est pas satisfaisant. Il sera exploité sur quelques petits édifices de l'Ouest mais la plupart de ces voûtes établies à la fin du Xle s. seront démontées au XHe pour éviter qu'elles ne ruinent l'édifice. C'est un procédé qui tient bien en compression et ne connaît pas de retrait mais sa structure composée n'est par rigide. A l'opposé la voûte toute en blocage est très rigide. On peut lui donner sans problème une section en dégradé mais elle se rétracte beaucoup. Enfin, elle se dégrade rapidement, sous l'effet de la compression, dès que les fissures ont traversé la maçonnerie. Ainsi chaque traitement a ses mérites et ses faiblesses et le Maître de Cluny, qui domine admirablement le problème, va choisir une judicieuse solution composée.

L'intrados de la voûte sera traité en petites pierres simplement appareillées en contact. Ainsi, plus de retrait et une bonne tenue à la compression ; mais l'extrados sera, lui, traité en blocage de sections variables, épaisses sur les reins de la voûte et minces au sommet. C'est cette chape en coquille qui donnera à la composition la rigidité qu'elle n'avait pas. Petit détail très subtil (les pierres de l'intrados sont appareillées au contact mais pas en surface finie) ce qui favorise l'accrochage de la chape en blocage mais aussi l'accrochage d'un glacis de finition sur l'intrados.

A leur sommet les voûtes de Cluny ne font plus que 0,30 d'épaisseur ce qui est très proche des beaux voûtins gothiques du XIHe s. qui feront 0,20 en moyenne, comme à Amiens. Cette voûte clunisienne possède dès le début du XHe s. une grande avance technique sur celle que les cisterciens vont réaliser. A la nef de Fontenay vers 1135 nous trouvons encore lm de maçon­nerie au sommet de la voûte. Une fois la première travée achevée, les procédés sont au point, l'essentiel est acquis. La mise ert œuvre est désormais l'affaire de gens de métier, le chantier pourrait se prolonger à l'infini sans engendrer de difficultés notoires.

La justification d'une démarche

Si nous avons traité par le détail la composition architectonique de Cluny III et si nous avons à dessein évité une fastidieuse revue de détail architecturale c'est pour mettre en évidence le caractère transcendant qui se dégage de la réalisation, caractère qui ne peut venir d'une école mais bien d'un seul homme. Nous ignorons tout de ce personnage et pourtant^ l'analyse de son œuvre, son caractère se révèle à nous de manière saisissante. Un homme d'expérience, un vieux professionnel blanchi sous le harnais ? Certainement pas. L'expérience qui brasse les problèmes peut, dans le meilleur des cas, mener du médiocre au satisfaisant mais laisse toujours une trace. Enfin nous pouvons suivre l'homme sur près de trente années ce qui représente l'œuvre d'une vie pour un responsable de chantier, et,au contraire de l'expérience, nous trouvons d'emblée la marque d'un programme, d'une volonté qui a déjà appréhendé les problèmes avec lesquels l'expérience doit longuement négocier. C'est la marque de la maîtrise au sens le plus noble du terme.

Dans un temps où tout est à concevoir, où les connaissances se brassent mais ne se fixent pas faute d'être consignées dans un langage et selon une formulation technique vigoureuse c'est la grande inspiration, le génie seul qui peut mener un esprit à saisir d'emblée les lois fonda­mentales de la mécanique. Pour confirmation nous suivrons la radicale dégénérescence des procédés qui se manifestera à Cluny même quelques décennies plus tard quand le Maître aura quitté ce monde.

Nous retrouverons l'autre forme de la pensée avec l'analyse des grands édifices gothiques du Nord de la France, au cours du Xlle s. Ici tout est dû à la longue et pénible expérience et les formes issues du passé ainsi que les vieilles coutumes de métier vont peser lourd dans le développement de la recherche. Dans les sanctuaires,les plans circulaires issus de la technique romane se maintiendront fort longtemps malgré les difficultés qu'ils impliquent. Ce dessin porte l'arc de décharge des fenêtres hautes au déversement lorsque ces dernières atteignent une certaine ouverture et il faudra attendre 1205 pour voir le constructeur du chevet de Soissons s'en affranchir et opter pour le plan polygonal. Pourtant, un siècle plus tôt, vers 1105, le Maître de Cluny avait déjà choisi ce dessin pour le mur extérieur du déambulatoire de Paray le Monial et seule la contrainte du cul de four l'avait obligé à revenir au plan circulaire pour le déambulatoire.

La contribution du Maître de Cluny

Enfin, dans cette grande abbatiale de Cluny III dont la construction ne s'achèvera qu'au milieu du Xlle s. par l'édification du narthex,quelles sont les parties que l'on doit effectivement au Maître de Cluny ? La réponse est simple. Toutes les travées bien construites qui n'eurent jamais besoin d'arcs boutants pour franchir les siècles, soit le chevet, les deux transepts ainsi que les deux travées intermédiaires.

Nous avons imaginé la genèse de l'édifice vers 1080/1085 mais les travaux ne commen­cèrent guère avant 1085/1089. La première date précise que nous ayons est la consécration par le Pape Urbain II en 1095 qui doit sanctionner l'achèvement du chevet et peut être de la croisée orientale. Ensuite les travaux continuèrent sans interruption ; pourtant le Maître doit se consacrer aussi au chantier de Paray le Monial entrepris vers 1098 et dont le traitement porte sa marque. Vers 1099-1100, un accident survient à la croisée de Paray le Monial. Une poutre tombe d'un échafaudage établi au niveau de la coupole et blesse grièvement un moine en prières. Cette information nous donne l'état d'avancement du chantier.

St-Hugues meurt le 29 avril 1109 et c'est semble-t-il le temps d'une pause sur les chantiers de l'ordre. C'est aussi l'époque où le Maître de Cluny abandonne la plus grande part de ses activités. Quel est son âge ? Si nous lui accordons la trentaine en 1085, à l'ouverture du grand chantier, il doit avoir 55 ans à la mort de son protecteur. Quand les travaux vont reprendre sur la nef de Cluny, vers 1115, il n'a plus la direction des opérations ou n'est plus de ce monde. Et les difficultés vont alors commencer. Le traitement, toujours brillant dans la forme, devient médiocre sur le plan architectonique et ces maladresses se contrétiseront en 1125 par l'écrou­lement de la voûte de la nef.

1110/1115 constitue donc une période charnière; l'énorme construction qui est à moitié de son achèvement a déjà marqué son époque et bon nombre d'édifices bourguignons vont reprendre le parti. Ainsi ce n'est plus seulement Cluny mais une demi douzaine de chantiers qu'il faut suivre pour comprendre l'évolution des formes et des techniques. Mais avant,il nous faut analyser Paray le Monial qui constitue la seconde réalisation du Maître de Cluny. Cette abbatiale n'est pas traitée de manière différente, bien au contraire. Réalisée rapidement et dans les mêmes temps que Cluny, elle représente la réplique de ce qui se faisait à la Maison Mère, sauf peut être pour le chevet qui par son témoignage va nous apporter quelques lumières sur les inconnues qui subsistent encore.


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CLUNY III Les parties orientales 1080 - 1110

Les parties orientales de Cluny III réalisées sous St-Hugues par celui que nous appellerons le Maître de Cluny constituent le chef d'œuvre de l'architecture romane. Les travaux débutent en 1078/1080 par le chevet avec déambulatoire et cinq chapelles rayonnantes, A, inspirés des œuvres qui jalonnent les chemins de Tours à St Jacques de Compostelle mais une erreur d'implantation va permettre au Maître d'œuvre de donner toute la mesure de son talent. Cette abside surhaussée par rapport aux équilibres coutumiers se trouve clôturée par un puissant mur pignon, B, et une travée droite, C, dont la voûte se dissocie du cul de four.

Ensuite, l'édifice est coupé par un transept saillant, D, avec croisée voûtée dominée par une tour, E, mais la nef qui va suivre se trouve portée à cinq vaisseaux, avec double bas côtés, F, et le transept n'est plus saillant. Il sera alors prolongé par deux croisillons bas, G, Cette nouvelle œuvre se poursuit sur deux travées avant d'être coupée par un nouveau transept de plus grande envergure (75m) mais plus étroit et qui semble mal intégré à la nef. Seul le croisillon sud subsiste aujourd'hui, H L'œuvre du Maître de Cluny doit s'achever vers 1110 sur la travée droite qui suit ce nouveau transept et tout cet ensemble oriental franchira les siècles sans problème.