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Saint Germain de Fly
Historique
L’abbaye de Saint Germer se trouve au chœur du pays de Bray sur la haute vallée de l’Epte, à 3 km au nord du mont de Fly, culminant à 214m. L’agglomération occupe une légère dépression menant les ruissellements de plateau vers la vallée et cette condition a sans doute fixé une occupation agricole dès l’époque gauloise. Les terres seront ensuite remembrées au profit d’une villa gallo-romaine du siècle des Antonins qui se trouvait alors à proximité de la voie seconsdaire reliant Caesaromagus (Beauvais) et Rotomagus ( Rouen) via l’itinéraire venant de Paris. La D 109 reprend en partie le tracé antique. A la période franque ce terroir sera inclus dans un patrimoine noble.
Germer naît vers 610 au village de Vardes sur la rive droite de l’Epte à 4km de la propriété familiale qui deviendra l’abbaye. Son père, Rigobert, un petit leude épouse une fille de bonne :lignée apparentée au roi Clotaire II et le jeune germer fut naturellement introduit à la cour de Dagobert 1er où il se lia d’amitié avec Saint Ouen son aîné de 10 ans. Dès lors la dualité de son caractère s’affirme. Bon serviteur du roi, à qui il doit fournir des troupes pour sa campagne de Thuringe, en Germanie, il est aussi tourmenté par le devenir de son âme. En 632, il se marie et son épouse, Domade de la Roche Guyon, lui donnera un fils, Amalbert, de santé fragile.
Le règne de Dagobert Ier sera de courte durée, 628/638 et Saint Ouen a soigneusement préparé son avenir. Il a pris de hautes fonctions à l’évêché de Rouen où il succèdera naturellement au prélat décédé en 640. Germer qui a ainsi perdu son maître et son guide quitte également la cour vers 640, et regagne ses terres.
Domade, l’épouse de Germer, meurt en 648 et désormais le penchant mystique de ce dernier l’emporte. Après avoir légué ses charges et ses biens à son fils alors âgé d’une quinzaine d’années, il part pour Rouen rejoindre son maître à penser qui lui confie la direction du monastère de Pentale, en Normandie.
Le destin s’acharne sur la pauvre Germer. Son fils meurt avant d’avoir engendré un héritier et ses biens lui reviennent. Il peut alors fonder son propre monastère et l’évêque de Rouen l’approuve et le soutient. Faisons fi des détails miraculeux donnés par la légende dorée et suivons l’histoire au plus près. Après avoir comme il convient laissé quelques biens à ses deux filles, Germer choisit son domaine de Fly pour y installer sa propre communauté religieuse. La fondation de ce monastère doit se situer vers 650 et cette nouvelle abbaye mérovingienne est loin sans doute de l’image donnée par la légende. La communauté s’installe dans les bâtiments existants, les plus vastes sont transformés en celliers tandis que les constructions plus modestes sont décomposées en cellules. C’est dans ce contexte empirique que sont implantés et construits les trois lieux de culte traditionnels: l’abbatiale pour les offices, une chapelle près du cimetière et, enfin, une église destinées aux paroissiens du village jouxtant la fondation. Les dédicaces sont nombreuses. A la Saint Trinité d’abord puis à Saint Jean et Saint Pierre et enfin à Marie. L’ensemble des aménagements et constructions nouvelles sont sans doute achevés en 658/659, à la mort de Germer survenue le 24 septembre de cette dernière année.
Sur la période qui suit, l’histoire de l’abbaye est très incertaine. Le plan de l’édifice du XII° reprend, nous semble-t-il, celui d’un ouvrage à double transept mais s’agit-il d’une abbatiale carolingienne comme à Saint Riquier ou bien d’une œuvre du début du XI°, la seconde hypothèse est la plus vraisemblable. La discipline irlandaise était très présente dans ces régions littorales et l’abbaye de Saint Germer ne semble pas avoir intéressé l’ordre bénédictin. La maison a donc échappé à la refonte carolingienne même si les édits de Louis le Pieux ont condamné la pratique de la règle de Saint Colomban ainsi qu’ l’articulation en cellules indépendantes qu’elle affectionnait. Pour ne pas déplaire au pouvoir impérial, les moines ont sans doute quelque peu changé l’articulation interne aménagé des dortoirs et de réfectoires communautaires mais sans grande conviction.
Les Normands vont incendier l’abbaye en 850 et l’articulation ancestrale reprend alors ses droits. En 902, Rollon, fraîchement débarqué en Normandie saccage à nouveau la région ainsi que m’abbaye. La fondation doit ensuite connaître des heures sombres et, vers 1034 ou 1036, Druon, évêque de Beauvais, confie la maison aux Bénédictins qui entreprennent une reconstruction complète selon les principes de l’ordre de ce programme peut dater l’abbatiale à double transept.
Problème d'école
Sur la seconde moitié du XIX°s. , les études menées sur la grande architecture gothique sont centrées sur l’Ile de France et le chevet de Saint Denis, 1140/1144, est placé à l’origine de la lignée. Si quelques recherches sont menées pour découvrir la genèse de la composition. Avec les travaux de Lefevre Pontalis, cette théorie « Ile de France » prend consistance et s’impose. L’antériorité des voûtes sur croisées d’ogives de Normandie (Lessay) ne sera admise qu’en 1950/1955.
Tous les grands édifices gothiques de la première générations seront entrepris par le chevet et la composition à grand développement, avec déambulatoire et chapelles rayonnante s ’impose mais, là également, bien peu se soucient du cheminement de la composition. Il serait surprenant que les constructeurs du Nord n’aient pas tenté d’adopter, dès la fin du XI°s. , cette disposition qui s’imposait alors en Bourgogne et en Val de Loire. Imaginer le chevet de Saint Denis telle une génération spontanée n’est pas crédible, des réalisations préliminaires ont nécessairement assuré la genèse des procédés, mais tous ces chevets archaïques vont disparaître sous les grands programmes gothiques et nous n’avons que deux témoins connus par les fouilles.
A Troyes, la cathédrale carolingienne dont parle l’évêque Prudence, mort en 861, sera gravement endommagée par les Normands en 889 ou 892 puis restaurée. Vers 980, l’évêque Milon procède à son agrandissement et selon Jacques Bauer, architecte diocésain de 1914 à 1954, qui exploita le résultat des fouilles menées en 1864, les travaux de Milon porteront sur un chevet avec déambulatoire et chapelles rayonnantes sans doute de structure légère et non voûtée; c’est un premier jalon. De 1920 à 1930, Henri Deneux, mène avec méthode des fouilles sous le dallage de la cathédrale de Reims et dégage diverses fondations dont celles d’un grand chevet avec déambulatoire et cinq chapelles rayonnantes ayant précédé l’ouvrage gothique. Le plan au sol comporte de nombreux archaïsmes qui disparaîtront avec les ouvrages achevés des années 1150/1160 (Noyon, Senlis), ils serait donc antérieur et nous avons proposé de dater le début des travaux des années 1125; ce sera notre deuxième jalon. Il n’est donc pas nécessaire de donner le chevet de Saint Germer comme postérieur à Saint Denis et nous ferons abstraction du communément admis.
Chevet et transept
Quel que soit l’édifice antérieur et ses implications dans la nouvelle œuvre, la campagne du XII°s. commence par le chevet et le plan comporte sanctuaire, déambulatoire et cinq chapelles rayonnantes. Le dessin au sol est pratiquement régulier. L’ensemble se développe sur 180° et deux piles plus conséquentes annoncent un doubleau majeur établi sur axe, ce sera le découpage classique du milieu du siècle et le constructeur a tiré profit des irrégularités que l’on peut observer dans le chevet XII°s. de la cathédrale de Reims. Par contre, à Saint Germer, le traitement en élévation comporte de nombreux archaïsmes qui disparaîtront dès 1150 à Noyon et à Senlis. Les voûtes des chapelles rayonnantes sont décomposées en trois voûtains d’ogives qui s’appuient directement sur le doubleau de clôture comme si le programme initial comportait un cul de four. D’autre part, sur le déambulatoire, le dessin des ogives fait penser à une reprise en sous œuvre réalisées sous une primitive voûte d’arêtes, hypothèse confirmée dans les tribunes où l’on trouve des voûtes d’arêtes classiques. Enfin, les quatre ogives qui structurent la voûte du sanctuaire aboutissent à une clef semi circulaire s’appuyant directement sur le doubleau de clôture, comme si le constructeur avait primitivement imaginé un cul de four nervuré comme à Saint Georges de Boscherville puis adopté l’innovation des croisillons de Tournay où le voûtain dégage la fenêtre haute. Nous sommes bien dans le domaine des archaïsmes qui précèdent les compositions achevées, soit une période 1130/1145. Précisons que la disposition des voûtes du sanctuaire est l’unique exemple du genre conservé.
Cet hémicycle est prolongé d’une partie droite longue de 5m 15 qui pénètre dans le volume du transept de 0m 90, ce dernier est donc antérieur, du moins dans le volume de base. Les aménagements XII°/XIII°s. sur le croisillon sud et la reprise complète du croisillon nord témoignent qu’il s’agit bien là des maçonneries les plus anciennes et les plus fragiles de l’œuvre. A l’intérieur de ce transept, le programme XII°s. se poursuit avec l’édification d’une puissante croisée où les piles s’inscrivent dans un cercle de 2m 98 destinées sans doute à une tour lanterne à la manière normande. Le plan au sol est donc rectangulaire: longueur 8m 60, largeur 9m 10, antériorité des fondations oblige. Une étroite galerie de circulation aménagée grâce aux reprises du XII°s. permet de faire le tour des croisillons et de relier les tribunes du chevet à celles de la nef.
La nef
Suit une nef dont les sept premières travées sont régulières et d’un pas de 4m 76 à 5m mais dont l’analyse est également déroutante. C’est une conception septentrionale classique a quatre niveaux caractérisés mais les murs extérieurs sont graciles et l’élévation interne très puissante. Les piles cantonnées s’inscrivent dans un cercle de 2m 45 de diamètre pour une hauteur sous voûte de 19m 40 en moyenne. D’autre part, le faisceau de colonnes engagées qui flanque le mur externe fait 0m 90 de profondeur. Une fois dessiné l’ensemble des relevés l’ouvrage fait penser à une élévation gothique établie sur une structure légère antérieure et l’hypothèse ne manque pas d’arguments. Les fenêtres hautes et basses sont en plein cintre tandis que les tribunes demeurent toujours coiffées de voûtes d’arêtes sur arc en plein cintre, enfin nous ne trouvons pas trace de mur pignon sous combles destiné à épauler les grandes voûtes. Il y a là un traitement archaïque et léger sans commune mesure avec la puissance donnée aux bas côtés et aux piles de l’élévation.
Dernier archaïsme enfin : dans les parties hautes la nef conserve une galerie de circulation établie au pied des grandes voûtes, c’est une disposition intéressante avec une couverture sur charpente mais particulièrement contre indiquée dans le cas présent. Une galerie semblable se trouve à Saint Georges de Boscherville sur une nef construite de 1130 à 1150 mais en puissance et avec trois niveaux seulement. Sur cet ouvrage normand les voûtes culminent à 16m en Normandie contre 13m 40 à Saint Germer.
Programme méthodique
Pour expliquer et dater cette nef nous allons proposer deux programmes. Dans le premier, nous dirons que le maître d’œuvre a terminé le chevet de la croisée vers 1155/1160 et entrepris immédiatement la reconstruction complète de la nef du XI°s. réalisée par l’évêque Druon. Cependant, par souci d’harmonie il entend respecter la composition qu’il vient de concevoir par touches successives, côté sanctuaire. Il applique en partie basse les voûtes sur croisée d’ogives qu’il vient d’insérer sous le déambulatoire mais, cette fois, le traitement est plus rationnel. Par contre, au niveau supérieur il s’astreint à coiffer ses tribunes de voûtes d’arêtes comme ce fut fait, trente années plus tôt, côté sanctuaire. Ce programme serait daté des années 1160/1175, soit une période relativement courte pour un ouvrage de cette importance. Curieuse démarche empreinte d’archaïsme et qui va résolument à l’encontre de l’esprit régnant alors en Ile de France toute proche.
Programme non méthodique
La seconde hypothèse non conformiste est cependant beaucoup plus satisfaisante: nous résumons ses différents enclenchements. Sur une époque que nous dirons ‘romane‘ , de 1070 à 1130, la nef du XI°s. qui a connu un accident sérieux est remplacée par une construction nouvelle. Saint Germer est aux confins des régions septentrionales où règnent les ouvrages à quatre niveaux avec tribune et également de la Normandie adepte de la galerie de circulation haute. L’ouvrage réalisé fera la synthèse de ces deux courants.
Voyons les grandes options quis’offrent aux constructeurs de cette époque: les vénérables colonnes monolithiques datant du bas Empire se font rares et déjà à l’époque carolingienne les plus faibles sont remplacées par des piles carrées ou rectangulaires. D’autre part, par souci d’esthérique, certains programmes nouveaux ont adopté une alternance régulière ensuite, les piles fortes se sont développées pour former une travée proche du carré destinée à porter les voûtes d’arêtes. Cependant la plupart des élévations septentrionales à quatre niveaux demeurent trop graciles et il faut attendre la voûte gothique sixte partite comme cela se fera dans la plupart des programmes de la seconde partie du XII°s. Toutefois les égards dus aux vénérables piles monolithiques, témoignages du paléo chrétien se limitent aux vieilles cité gallo romaines et à leur environnement proche, soient les cathédrales et les abbayes hors, les murs. Pour toutes les fondations rurales mérovingiennes puis carolingiennes les travées régulières s’imposent.
Ainsi un maître d’œuvre chargé deréaliser une nouvelle nef à Saint Germer de Fly sur la période large 1070/1130 avait toutes les raisons de choisir des supports réguliers qui seront naturellement appareillés et de section ronde ou carrée. La faible épaisseur de l’élévation et le contexte septentrional nous incitent à choisir la pile ronde qui fera bientôt un retour en force à Notre Dame de Paris et à la cathédrale de Laon. Ceci admis, nous avons l’essentiel pour notre restitution : une pile ronde appareillée en demi tambour, un chapiteau fonctionnel (cubique ou dérivé), un tailloir carré et des archivoltes à simple ou double rouleau. En perpendiculaire nous trouvons une pile engagée externe et un doubleau destiné à cloisonner des voûtes d’arêtes. L’ouvrage peut également comporter un arc formeret, ce sera, le cadre d’une voûte d’arête classique, c‘est le traitement que l‘on retrouve aujourd’hui dans les tribunes conservées. Cette composition peut sembler fragile aux vues de nos critères architectoniques mais elles pouvaient donner satisfaction un siècle, voir plusieurs, par les vertus du monolithe reconstitué. Nous retrouvons une réalisation semblable sur les travées mineures de l’abbatiale de Jumièges et l’ouvrage a parfaitement tenu au cours de siècles.
Au deuxième niveau nous retrouvons les voûtes d’arêtes cloisonnées de doubleau mais sans formeret et l‘ouverture sur la nef est donnée par une baie géminée où tous les arcs sont en plein cintre. Nous remarquerons que ces tribines de Saint Germer sont bien éloignées et beaucoup plus archaïques que celles de Senlis et de Noyon, l’esprit demeure roman et convient bien à un programme de la fin du XI°s. ou du début du XII°s., soit une période large allant de 1070 à 1130. Enfin, le quatrième niveau avec son grand arc sans mouluration et sa cloison mince ouverte d’une fenêtre plein cintre (comme celle des niveaux antérieurs) est une rélisation plutôt gracile comme il convient à une couverture sur charpente. Là encore nous sommes conformes aux critères de la période proposée 1070/1130.
Sur un dessin en coupe perpendiculaire nous avons figuré une reprise en gothique où la puissance des nouvelles piles peut facilement masquer l’élévation primitive et fournbir également l’inertie suffisante pour l’établissement des voûtes sur croisée d’ogives. Le constructeur n’avait aucune raison d’aller au delà et de modifier un édifice bien construit et relativement récent.
Datation haute
Pour cette nef nouvellement venue qui s’insère entre les deux transepts de Druon nous avons proposé une période large 1070/1130 et c’est trop assurément. A cette époque où les matériaux et les équipes qualifiées sont disponibles dans la région, un ouvrage de cette importance était réalisable sur une période de 20 à 25 ans environ. Le programme choisi est très semblable à celui de Jumièges exception faite des travées alternées. Sur cette grande abbatiale de la Basse Seine, les travaux furent menés d’ouest en est et les fouilles réalisées nous donnent un déambulatoire avec tribunes mais sans chapelle rayonnante et les deux niveaux étaient sans douté dotés de voûtes d’arêtes cloisonnées de doubleau. En effet, il eut été bien surprenant que cette partie orientale réalisée après la nef n’ait pas bénéficié du même traitement. Ainsi nous avons à Jumièges, et dès 1070, le même volume et le même traitement qu’à Saint Germer de Fly mais sans chapelle rayonnante et si le chevet de cette dernière abbatiale comporte incontestablement des procédés spécifiques du XII°s. l’ensemble de l’ouvrage en première facture peut fort bien se situer sur une période 1100/1130.
Datation basse
La nef et le chevet sont très homogènes et comme le second est nécessairement postérieur 1130, il est difficile d‘admettre à cette époque où les progrès vont très vite une interruption de 30 années et plus au sein de ce programme. D‘autre part, la puissante organisation bénédictine, bien implantée en Normandie, l’est moins dans les provinces du Nord où les évêchés ont acquis un bon contrôle de leur diocèse. Pour l’épiscopat de Beauvais, Saint Germer est une communauté rurale et les moyens à y consacrer sont limités. Enfin, le choix des volumes et des programmes sera inspiré, les réalisations confirmées afin d’éviter toute innovation à risques. Cette seconde hypothèse peut résumer ainsi: vers 1100, la nef de Druon se partiellement ruinée entre les deux transepts qui ont résisté au sinistre. La reconstruction commence rapidement, le choix se porte sur le parti septentrional à quatre niveaux caractérisés qui domine alors dans les provinces du Nord et dont Jumièges est l’unique exemplaire situé en Normandie. La nouvelle nef établie entre les deux transepts est sans doute achevée vers 1125/1130 et l’ancienne abside est momentanément préservée. Après une courte période sans doute consacrée à l’édification des bases de la croisée destinée à porter une tour lanterne, comme à Jumièges, la vieille abside est mise en cause. Le nouveau programme portera sur un chevet à grand développement avec déambulatoire et chapelle rayonnante, une composition bien connue en région septentrionale et qui remonte à la cathédrale de Troyes, édifiée par l’évêque Milon, à la fin du X°s. Les travaux commencent vers 1130/1135.
Par souci d’homogénéité, le maître d’œuvre reprend l’élévation de la nef et réalise des supports bien élaborés autour du sanctuaire par contre, il demeure prudent dans le traitement des structures et conserve les voûtes d’arêtes sans formeret pour le déambulatoire et les voûtes en cul de four pour les chapelles rayonnantes. En 1145/1150, l’hémicycle est achevé et les grandes voûtes du sanctuaire réalisent commenous l’avons dit la synthèse des innovations de Saint Georges de Boscherville et de Tournai. A cette époque (1150), la travée droite est déjà fortement avancée et l’épaulement qu’elle procure permet d’achever la tour lanterne. Ce gros œuvre est terminé vers 1155 et c’est vers 1160/1165 que le déambulatoire et les chapelles rayonnantes sont repris en sous œuvre avec des voûtes sur croisée d’ogives, puis c’est au tour de la nef d’être restructurée en gothique de 1160 à 1175. Nous rejoignons ainsi les dates précédemment admises tout en expliquant de manière satisfaisante les anachronismes constatés dans l’ouvrage.
Au cours de la première campagne et lors des aménagements qui vont suivre, les sept travées de la nef étaient clôturées par le transept occidental de Druon, peut être flanqué d’une abside rectangulaire. En fin de campagne, vers 1175, cet ensemble du XI°s. est mis en cause pour laisser place à une huitième travée longue de 6m 85, des quatre piles destinées à porter l‘ouvrage, deux subsistent et sont plus fortes que celles de la nef récemment reprises. Sans doute s’agit-il de porter une tour occidentale mais, rapidement, le projet est désavoué et, vers 1180, le maître de fabrique impose la construction de deux puissantes tours de façade avec un volume central correspondant à celui de la nef mais les deux piles occidentales de la huitième travée sont alors insuffisantes, il faut les reprendre en puissance afin de porter deux tours qui doivent dépasser les 35m. Le narthex de Noyon, peut donner une idée de l’ouvrage . Les travaux avancent rapidement et sont achevés vers 1200. Ce sont les désaxements observés dans les piles orientales, les seules subsistantes, qui nous suggèrent la présence d’une abside occidentale rectangulaire.