Le siècle des Plantagenets


PLANCHES TECHNIQUES


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Le parti primitif rural qui s'impose dans les petites localités dès le Bas Empire est fort rustique, pauvre même. L'édifice établi sur un plan à deux cella axées est réalisé en mur porteur ordinaire:
c'est la grange consacrée et la façade est traitée tout aussi sobrement (A), sur une épaisseur moyenne de 3 pieds. La porte est simplement structurée d'un arc de décharge (Al) reposant sur deux piles engagées (A2) avec une grosse pierre plate en guise de tailloir (A3); c'est la parti d'origine dont le règne s'étend du Bas-Empire à l'an 1050.

Le premier aménagement consiste à plaquer sur la maçonnerie archaïque un nouveau parement en grand appareil (B). Il encadre porte et fenêtre avec des arcs soigneusement appareillés reposant sur des chapiteaux et colonnettes en délits (B1-B2). Enfin, l'ensemble est surmonté d'un glacis (B3) Dans ces conditions, la base est de 4 pieds (3+1).

La formule jugée satisfaisante sera développée et cette structure additionnelle sera doublée (C). Comme l'usage des cloches précède l'implantation des tours (clochers), elles peuvent être installées sur un pignon au sommet (Cl) La base est maintenant de 5 pieds.(3+2).

En fin de parcours, l'aménagement atteindra 3 et même 4 pieds et constituera véritablement une nouvelle façade (D). Dès lors, la maçonnerie ancienne (Dl) sera réduite au niveau du mur périphérique (D2) et le pignon sera reporté sur les nouvelles structures (D3). Ainsi, l'embrasement des arcs du portail devient considérable (D4) et la structuration de la fenêtre portée en façade implique le réaménagement de l'embrasure interne (D5). Dans ces conditions, l'assise se trouve portée à 6 pieds (3+3).

Ce modèle issu d'un aménagement s'impose et parfois constitue le seul luxe de certaines petites églises rurales. Dès le milieu du XII°s., il sera institué en parti et réédifié à neuf.


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LE MUR
A l'origine du mur porteur, il faut placer la construction en pisée (argile et sable) déjà exploitée au néolithique et toujours en usage dans le tiers monde et même en Europe. Son inconvénient majeur, bâti à l'eau, il se désagrège sous l'action du ruissellement.

La meilleure parade consiste à protéger la face externe avec un parement de pierre. Le même traitement peut être appliqué sur la face interne: c'est le mur rural archaïque . Ensuite, à l'argile interne seront mêlés des petits moellons disparates; c'est le blocage. Enfin, l'argile trop sensible à l'eau sera remplacé par un mortier de sable et de chaux, c'est le mur médiéval et gothique ; d'où l'expression synonyme de qualité encore en usage aujourd'nui "construit à chaux et à sable".

LES FONDATIONS
La fondation traditionnelle sera réalisée en tranchées. Le fond est garni d'une base d'argile bien compactée (Al) qui porte la fondation proprement dite constituée d'un blocage de moellons( A2) c'est la partie enterrée. Ensuite, vient un lit d'assise en grosses pierres convenablement appareillées (A3) c'est lui qui doit tenir à l'action du ruissellement et des végétaux qui attaquent toute maçonnerie au niveau du sol. Sur l'assise ainsi constituée vient le mur tel que nous l'avons décrit plus haut; le dallage interne (A4) étant posé sur un lit de sable (A5) parfois légèrement additionné de chaux à sec ,1'humidité du sol assurant l'homogénéité après coup.

L'ACTION DU TEMPS
Ce mur est très satisfaisant. Bien entretenu il peut durer 1000 ans. Mais en agglomération il est confronté aux accumulations qui surélèvent régulièrement le niveau des sites occupés (Bl). Les déchets de construction mêlés aux poussières végétales atteignent bientôt le niveau des maçonneries ordinaires, au-dessus du lit d'assise (Cl-C2-C3), ainsi le mur est miné à son embase.

Pour éviter que l'église , le monument le plus ancien du village ne se trouve enterré, le dallage interne est surélevé (C4). Certaines églises de l'ouest ont ainsi perdu 5 pieds de hauteur (lm50) entre le XI° et XVII° siècle. Dans ces conditions, l'érosion sur le mur ordinaire continue en sous-sol (C5), et la solution rationnelle consiste à dégager toute la base externe pour la reprendre en parement par un mur en escarpe (C6),une contrescarpe protégeant le fossé d'assainissement (C7).