Le siècle des Plantagenets


VILLARS-DES-BOIS

La paroisse se trouve entre Migron et Ecoyeux deux autres édifices étudiés dans l'ouvrage. Cette église a sans doute trouvé son qualificatif « des bois » à une période récente. Certes nous trouvons une majorité de terres couvertes de grands végétaux dans cette région située au nord de la Charente et à l'est de Saintes mais l'articulation rurale semble témoigner que ces terres étaient en exploitation du XI°s au XrV°s. Aujourd'hui, les surfaces boisées ne couvrent pas totalement la région et nous trouvons bon nombre de hameaux qui ont préservé le nom de leur premier occupant. Autour de Villars des Bois nous avons notamment Chez Poussard , Chez Gauteret, Chez Jouneau et Chez Vergiat, autant de lieux dits qui ont assuré la reconquête de ces terres en polyculture à une époque récente. L'abandon au couvert végétal doit dater des périodes sombres de la fin du Moyen Age mais à l'époque faste de la période romane, Villars assurait l'exploitation de 800 à 1.000 ha et pouvait compter 500 à 600 habitants.

L'église était à l'origine un ouvrage à deux cella axées mais les reprises furent nombreuses. Les travaux commencent par l'ouest avec la construction d'une belle abside en hémicycle outrepassé. L'ouvrage est de bonne taille : 6m 65 de portée et ses structures externes sont constituées de double contreforts plats montant jusqu'à la corniche haute établie sur corbeaux. A l'intérieur aucune structure. L'inertie des murs est suffisante pour porter un cul de four clôturé par un doubleau à deux rouleaux de profil légèrement brisé. L'ouvrage est du XII°s. probablement de 1130 à 1145.

Les travaux continuent à l'est et, vers 1140, le maître d'œuvre implante une travée de plan carré flanquée en externe de contreforts plats, propres au parti à coupoles. Les structures internes sont conséquentes et comprennent la retombée des formerets plus piles et colonnes engagées. Les parties basses commencées vers 1140 sont achevées vers 1155. Le projet de coupole est confirmé par la traditionnelle fenêtre haute et étroite, en plein cintre, avec vaste arc de décharge en externe. La coupole sera-t-elle édifiée ? C'est très probable. Dans ce cas elle serait achevée vers 1165/1170 et sa ruine intervenue ultérieurement n'a pas endommagé les élévations.

Au delà du second doubleau formé de deux rouleaux, commence l'ancienne nef qui a connu une campagne d'aménagements distincts, vers 1130. Il s'agissait de transformer les murs anciens en découpant l'espace en quatre travées destinées à recevoir des voûtes en berceau de profil brisé; programme beaucoup moins coûteux que les coupoles. Les deux premières travées rectangulaires situées à l'occident étaient déjà achevées sur un sol nettement plus élevé, niveau qu 'il fallait respecter à cause de l'ancienne façade datant de la fin du XI°s. Les travaux avaient même commencé sur les deux travées suivantes lorsque le maître d'œuvre responsable du programme sur coupoles propose de poursuivre cet aménagement vers l'ouest. Les paroissiens furent sans doute partagés mais finissent par lui concéder la réalisation d'une seconde travée coupole tout en lui imposant de respecter les deux travées occidentales déjà réalisées.

L'homme de l'art maîtrise parfaitement la technique et sait que les effets issus du pendentif s'exercent en interne et sans conséquence sur les murs. Il décide alors de les préserver et nous pouvons voir l'ancienne fenêtre et l'une des colonnes destinée à porter le voutement en berceau . Ces travaux porteront uniquement sur les structures internes correspondant au doubleau occidental. La travée est plus longue que la précédente et nous ignorons si les travaux furent menés à terme. Nous dirons que c'est probable et que cela marque l'achèvement de la campagne romane.

Peu après la travée voûtée en berceau établie à l'occident donne des inquiétudes; elle sera confortée par l'établissement d'un clocher flanquant l'élévation sud et doté d'un escalier à vis. L'ouvrage doit dater de la fin du XIP et sera épaulé par deux contreforts d'angle à la fin du XIII°s.

A une date indéterminée du Moyen Age, voûtes et coupoles seront gravement endommagées puis démontées seul le cul de four semble avoir été préservé. Les travaux vont reprendre quelques décennies plus tard ; il s'agit de lancer des voûtes sur croisée d'ogives afin de coiffer les deux travées coupoles. De grandes fenêtres gothiques sont même amorcées côté nord et il semble que ces travaux ont été menés à terme, mais rien ne sera fait pour les deux travées occidentales. Enfin ces voûtes seront, elles aussi, ruinées à la fin du Moyen Age et la nef couverte sur charpente puis, au XX°s. une couverture en béton sera méchamment installée sur cette malheureuse église.


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(A) Nef de la fin du XI°s
(B) Façade fin XI°s - 1090/1100
(C) Abside en hémicycle -1130/1145
(D) Première travée coupole vers 1140
(E) Achèvement vers 1165
(F) Doubleau de clôture ouest
(G) Programme occidental repris dès 1120
(H) Doubleau sur murs anciens -1120/1125
(J) Voûte occidentale vers 1130
(K) Arrêt du programme occidental 1135
(L) Reprise pour une seconde travée coupole 1150
(M) Achèvement de la deuxième travée coupole vers 1180
(N) Mouvement dans les structures occidentales 1180
(P) Clocher servant également d'épaulement 1190
(Q) Escalier à vis
(R) Voûte du premier niveau XIII°s.
(S) Contrefort de sauvegarde XV°s