Le siècle des Plantagenets
SAINT SULPICE DE RUFFEC
Les petits sanctuaires du parti primitif rural demeurant proches de la grange aménagée sont encore nombreux sur les terres de l'Ouest et, pour première illustration, nous avons choisi Saint Sulpice de Ruffec. Cette église se trouve sur une faible hauteur dominant le cours de la Tiarde, un petit affluent qui va se jeter dans la Charente. Elle n'est certes pas dans son état primitif mais les aménagements qu'elle a subis sont parfaitement identifiables et nous devons cette précieuse conservation à la disparition de la petite paroisse d'une cinquantaine de foyers qui l'avait bâtie, disparition progressive qui doit remonter à la fin du Moyen Age et qui servira le développement démographique de la paroisse voisine de Couture (à 2.500m). Ce fut sans doute cette communauté qui préserva l'usage du culte pour la mémoire des innombrables défunts qui lui avaient confié leur sépulture. Très émouvantes sont ces vieilles pierres qui ont préservé pour nous mille ans d'histoire de la France profonde.
L'ouvrage est constitué d'une cella unique de 6m de large en interne et d'une longueur actuelle de 17m puisque le pignon oriental a été repris au XII°s., sa hauteur primitive était de 8m, au rrhnimum. De l'ouvrage de l'an Mille il nous reste l'empreinte au sol et sans doute l'élévation nord ainsi que la façade occidentale mais le lieu de culte est nettement plus ancien. Vers le milieu du XII°s. une tentative de voutement impose la surcharge du revers de la façade occidentale ainsi que la reprise du mur oriental. L'élévation sud est, elle, flanquée d'un mur en placage et l'amorce des voûtes est réalisée. Ces travaux masquent les premières petites fenêtres hautes, d'autres seront ouvertes en dessous du bandeau qui sert d'amorce à la voûte. Cependant, ce programme ne semble pas avoir été mené à terme mais un escalier destiné à l'accès aux combles était déjà intégré dans l'élévation sud.
Dans les siècles qui vont suivre, le village où les habitations sont de bois et de torchis sera plusieurs fois détruit par le feu et l'argile présente dans les ruines engendre des coulées qui vont garnir les abords de l'édifice, 2m50 au nord, côté amont, et environ lm 50 en aval. Pour éviter que l'édifice ne soit inondé lors des fortes précipitations, le dallage interne sera surélevé d'un bon mètre. Enfin, le clocheton qui orne le haut de la façade se trouve à l'aplomb de la surcharge interne, il sera donc daté du XII°s. comme les autres reprises.
Saint Sulpice de Ruffec. Pignon occidental avec ses surcharges.
SAINT SULPICE
(A) Empreinte primitive fin X°, début XI°s.
(B) Reprise du mur sud fin XI°s.
(C) Pignon oriental reprise début XII°s.
(D) Reprise en parements internes début XII°s.
(E) Projet de voutement vers 1140/1150.
(F) Obturation des fenêtres primitives vers 1140.
(G) Ouverture des nouvelles fenêtres vers 1145.
(H) Escalier d'accès aux combles début XII°s.
(J) Abandon du projet de voûte vers 1150.
(K) Aménagement du clocheton occidental.
(L) Coulée de boue fin du Moyen Age.
(M) Elévation du pavement XV°/XVI°s ?
Saint Sulpice de Ruffec. Vue d'ensemble.