Le siècle des Plantagenets


BEURLAY

Cette paroisse située non loin des rives de la Charente selon son cours actuel, se trouvait au début de l'époque historique sur des terres récemment stabilisées dont la vocation pastorale était encore dominante. Au XI°s. l'agglomération proprement dite ne doit pas dépasser 150 personnes mais les hameaux environnants lui procurent de 4 à 500 paroissiens et ce potentiel va lui permettre de construire une église d'importance moyenne et de bonne facture; la Charente toute proche permet d'amener les bons matériaux nécessaires.

Située à une centaine de Chadury l'église de Beurlay adopte un plan identique avec abside, partie droite et grande nef à trois travées mais ici la construction est plus tardive et le clocher que la partie droite ne pouvait recevoir fut construit sur le flanc sud de la nef. La belle abside constituée d'un hémicycle légèrement outrepassé et d'une partie droite furent, comme de coutume, les premiers réalisés au delà d'une nef légère antérieure difficile à dater. La facture de cet ouvrage est typique de la Saintonge avec des arcatures plein cintre de réalisation soignée et sur deux niveaux externes. Cette structuration fut constituée de grosses colonnes engagées avec travées intermédiaires dessinant un polygone; l'ensemble est éclairé par trois fenêtres rayonnantes. Pour la datation nous proposons une édification en deux temps : une première campagne menée de 1110/1135 comportait un seul niveau d'arcatures et un cul de four classique, tandis que la partie droite, elle, comportait deux niveaux d'arcatures et une couverture en charpente. C'est tardivement, vers 1150/1170, que le premier cul de four fut démonté et l'élévation surmontée d'un niveau d'arcatures de profil brisé afin que l'ensemble reçoive un nouveau voutement sur un volume homogène.

Entre temps, soit vers 1140/1160, la paroisse fait construire une nouvelle nef, courte et large, 6m 80 X 13m 60, décomposée en trois travées par des colonnes engagées internes et des contreforts externes. La position des fenêtres nous indique que le voutement de l'édifice était au programme mais les reprises engagées sur la partie orientale vont retarder ce nouveau chantier; les voûtes seront réalisées tardivement, vers la fin du siècle, sur profil brisé, avec deux doubleaux plus une nervure supplémentaire sur la travée occidentale. C'est une réalisation soignée en moyen appareil, mais l'inertie donnée par les tas de charge sont insuffisantes pour la porter et des faiblesses apparaissent dès l'achèvement, vers 1190 ; c'est là qu'intervient la nervure supplémentaire ce qui nous prouve de manière évidente l'incompétence du maître d'œuvre.

Vers 1180/1200, l'ouvrage sera doté d'un clocher établi au sud de la travée médiane de la nef . Bardé de double contreforts dont certains se terminent en arcatures brisées, c'est une œuvre soignée partiellement réalisée en hors œuvre, ce qui va conforter l'élévation sud mais pas suffisamment puisque nous voyons un contrefort de sauvegarde côté est. Sur la face nord, la menace se précise au Xlll°s. et nous trouvons là quatre puissants contreforts.

Vers le milieu du XII°s. les maîtres d'œuvre comprennent que le sol de Beurlay n'est pas favorable aux fondations profondes, surtout si la charge imposée par l'ouvrage est importante à l'unité de surface. Us vont donc adopter le radier formant surface de répartition et celui que nous trouvons sous le clocher est exemplaire.


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(A) Hémicycle outrepassé 1110/1125
(B) Fenêtre centrée sur les travées
(C) Structuration externe, piles et colonnes
(D) Premier cul de four, classique
(E) Travée droite 1120/1135 (charpente)
(F) Reprise du cul de four profil brisé 1150
(G) Voûte de la partie droite 1155
(H) Nef à trois travées 1150/1170
(J) Colonne engagée interne
(K) Modestes contreforts externes
(L) Premier doubleau de sauvegarde
(M) Clocher externe 1175/1200
(N) Radier de répartition
(P) Double contrefort d'angle
(Q) Belle voûte fin XII° s.
(R) Contreforts de sauvegarde.