Le siècle des Plantagenets

DOUCHAMPS

Comme Bourg du Bost, la paroisse de Douchamps se trouve sur les bonnes terres des rives sud de la Dronne. Mais, si le village dispose d’un terroir de 600 à 800 ha, desservi par six chemins menant de la ferme aux champs, la région n’est pas totalement acquise à l’exploitation céréalière. De petits hameaux installés sur les terres exploitées, privilégient la polyculture et le phénomène ira croissant en allant vers le sud, vers le modeste massif séparant la Dronne de l’Isle. Dans les périodes troubles qui caractérisent la fin du Moyen Age, ces populations éparses furent privées de tout lieu de refuge ce qui explique les aménagements considérables réalisées sur les parties hautes de l’église de Douchamps.

A l’automne de l’année 1987, époque où j’effectuais mes relevés sans rencontrer âme qui vive, cette église avait bien triste figure. Cependant, cet état permettait une observation rigoureuse de l’appareillage et ceci constituait un apport appréciable pour l’analyse. Les structures les plus ancienne sont les murs de la cella orientale que nous donnerons du début du XI°s. mais sans doute établis sur des fondations plus anciennes. Les aménagements commencent à la fin du XI°s., des colonnes engagées internes décomposent le volume en deux travées puis des arcatures externes, basées sur de grosses piles engagées, viennent conforter l’ouvrage. Cependant, colonnes et piles ne sont pas sur le même axe. Le mur pignon fut également refait à cette époque et l’aménagement est clôturé par une grande arcade en plein cintre surmontée d’une corniche. Ce nouveau pignon oriental représente peut être une réduction du volume primitif, les corbeaux donnent le niveau haut de cette campagne. A l’intérieur, les deux travées seront coiffées de voûtes avec doubleaux sur corbeaux dont il subsiste des traces dans le volume supérieur actuel. Ces aménagements seront achevés vers 1100, les fenêtres sont des reprises des XVII° et XVIII°s.

Dès le début du XII°s., les travaux reprennent avec la reconstruction des parties orientales de l’ouvrage et sont menés de manière plus rationnelle. Les élévations sont reprises fondamentalement et structurées en interne avec des arcades en plein cintre basées sur des piles engagées formées de deux éléments, le premier portant les arcades longitudinales en plein cintre et le second recevant le doubleau des voûtes. A l’extérieur, nous trouvons également des arcatures plein cintre basées sur des piles engagées mais qui, cette fois, sont parfaitement concordantes avec celles de l’intérieur. Quatre travées courtes sont ainsi réalisées mais le bandeau qui les surmonte est situé beaucoup plus bas que celui de la cella orientale (1m 40 environ). Les berceaux étaient donc dissociés par un arc médian toujours en place mais fortement modifié. Achèvement des quatre travées vers 1125/1135. A cette époque, cette église romane peut être considérée comme achevée dans un état cohérent.

Sur la période trouble de la fin du Moyen Age, le village primitivement aménagé de manière ouverte et plusieurs fois incendié doit se concentrer autour de l’église. Il formera une agglomération fermée avec des murs extérieurs aveugles à la périphérie et donc plus facilement défendable. Cependant les ruines successives vont engendrer une surélévation du sol de 2m environ. Cette surcharge se fera sur plusieurs siècles et l’accès, ainsi que le dallage de l’église, seront plusieurs fois modifié.

Également à cette époque trouble les parties hautes de l’ouvrage seront transformées en refuge avec une surélévation des murs de 6 à 7m.; ce volume était susceptible d’être utilisé en grenier collectif et l’arc médian du premier niveau est surélevé afin de stabiliser les nouvelles élévations. L‘ensemble subsiste mais en fort mauvais état. A des périodes indéterminées, plusieurs aménagements de sauvegarde viendront conforter l’ouvrage: un puissant contrefort est établi à l’angle sud-est et la façade occidentale est entièrement refaite pour s’harmoniser avec le nouveau dallage. L’ouvrage perd alors ses voûtes romanes et de nouvelles, réalisées en briques, seront installées et alignées sur celles du chevet. Aménagement datant du XVII°s.


image1

(A) Cella orientale début XI°s.
(B) Reprise fin XI°s. 1080/1100
(C) Arcature interne
(D) Structure externe excentrée
(E) Mur pignon refait
(F) Doubleau sur corbeau
(G) Voûte du XI°s. ruinée
(H) Arc médian repris
(J) Nouvelle nef 1110/1125
(K) Arcature externe
(L) Arcature interne concordante
(M) Niveau primitif ?
(N) Façade sur niveau surchargé
(P) Mise en défense XIV-XV°s.
(Q) Voûte moderne briques et plâtre
(R) Contrefort de sauvegarde