Le siècle des Plantagenets

BEAURONNE

Cette agglomération se situe sur les rives d’un petit ruisseau alimentant le moyen cours de l’Isle dont elle a pris le nom, Beauronne, ou bien vice et versa. La vallée constitue un cheminement traditionnel entre le cours de l’Isle et celui de la Dronne et si les terres sont peu favorables à la culture céréalière, les hauteurs voisines limitées par la courbe des 100m. étaient naturellement favorables à l’élevage. Aujourd’hui elles sont de nouveaux boisées, sans doute depuis la fin du Moyen Age. Ce cheminement traditionnel apportera au village un potentiel économique lors de chaque poussée démographique, comme ce fut le cas à l’époque romane; l’église de la paroisse en a tiré profit. L’ouvrage a subi au XIX°s. des restaurations dont certaines sont condamnables et l’édifice ne fait pas courir les visiteurs. J’ai moi même hésité avant d’en faire le relevé mais le bel ensemble oriental du XI°s. a emporté ma décision.

A l’origine, l’ouvrage était constitué d’une longue cella du parti primitif rural avec murs porteurs et couverture sur charpente, probablement édifié au début du XI°s. La seconde campagne portera sur un ensemble oriental constitué d’une petite abside en hémicycle avec structure interne et trois petites fenêtres, le découpage rayonnant est régulier et le plan se prolonge sur une très modeste partie droite. De la même campagne suit une travée droite nettement plus large que l’abside avec structure interne comportant deux double arcatures latérales et archivoltes destinées à recevoir un berceau plein cintre. Une fois cette voûte achevée ainsi que celle de l’abside, nous sommes vers 1100/1115 et les paroissiens qui prennent possession de ce sanctuaire entendent voûter la vieille nef.

Le vieil ouvrage est décomposé en six travées avec piles rectangulaires portant des arcs plein cintre plaqués sur les anciennes maçonneries du XI°s. Cet aménagement interne achevé, la portée maintenant réduite permettait de lancer un berceau plein cintre. Fut-il réalisé? Nous pouvons le penser mais il va disparaître lors des siècles sombres du bas Moyen Age. Cette reprise qui a réduit la hauteur utile et bouché les fenêtres primitives sera sans doute achevée vers 1125. Sur cette même période, la paroisse entreprend la construction d’un clocher à deux étages. Nous sommes alors vers 1130.

Les premières interventions furent précoces. Vers le milieu du XII°s. de légers mouvements constatés dans le grand berceau de la nef imposent l’installation de quatre contreforts installés sans aucun rapport avec les structurations internes. Après ces sauvegardes, c’est au tour de la façade de donner des inquiétudes au maître d’œuvre, elle sera elle aussi flanquée de contreforts perpendiculaires aux angles nord et sud. Nous sommes alors à la fin du XII°s., l’ouvrage semble stabilisé et c’est dans cet état qu’il affrontera les siècles du Moyen Age. A une époque indéterminée, mais probablement à la fin du XIII°s., une chapelle est construite sur le flanc sud, elle correspond aux deux dernières travées de la nef qui seront ouvertes pour donner accès à l’ouvrage nouveau.

Lors des troubles qui vont marquer la fin de cette brillante période, les parties hautes seront transformées en refuge et les contreforts surmontés de réducteurs. La voûte romane en plein cintre disparaît, l’actuelle date des XVII° ou XVIII°s. Enfin, au XIX°s. viendront des restaurations énergiques réalisées dans le style romano byzantin portant principalement sur la façade et, semble-t-il, sur le troisième étage du clocher; le reste de l’ouvrage a heureusement préservé ses caractères romans.


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(A) Cella primitive début XI°s. (1030/1050)
(B) Abside et clocher vers 1080/1100.
(C) Structure de la nef vers 1100/1110.
(D) Achèvement du clocher 1120/1130.
(E) Première voûte en plein cintre. 1120/1130.
(F) Sacristie. Base du XIII°s.
(G) Contrefort bas début XIII°s.
(H) Sol niveau du XI° et XII°s.
(J) Nouveau dallage XVII°-XVIII°s.
(K) Voûte légère de profil brisé XVII°-XVIII°s.
(L) Première surélévation XIV°-XV°s.
(M) Nouvelle fenêtre du XII°s. (après voutement)
(N) Fenêtre primitive réouverte au XVII°s.