Le siècle des Plantagenets

CHASSAIGNES

Cette paroisse se trouve au pied des coteaux bordant la rive sud de la Dronne, à peu de distance d’un petit ruisseau qui se jette dans la rivière. L’environnement rural est favorable à la polyculture, et le transit sur les berges qui reprend dès le X°s. va favoriser le développement du site.

A l’approche de l’An Mille, les paroissiens vont construire ou reconstruire une cella unique en médiocre appareil avec sans doute un sanctuaire sur la partie orientale. L’ouvrage va souffrir d’un incendie qui ravagera les combles et les élévations seront déstabilisées. Vers 1120/1140, les murs sont repris avec des piles et des arcatures internes destinées à porter une voûte en plein cintre. C’est une réalisation particulièrement archaïque où les structures sont directement issues de la maçonnerie et c’est sans doute l’un des ouvrages du genre le plus ancien dans la région. Le chantier tarde et, vers 1050/1060, la partie orientale qui a d’avantage souffert sera entièrement reprise en puissance. Le volume de ce nouveau chevet forme deux rectangles et ce plan suggère que le premier sanctuaire était doté d’une abside en hémicycle. La partie orientale reçoit une voûte archaïque en plein cintre, et celle de l‘occident, qui devait correspondre à une portion de nef, bénéficie du même traitement. Cependant, nous trouvons aux angles quatre supports qui nous laissent supposer que le premier programme prévoyait une voûte d’arêtes. Les parties basses sont achevées vers 1080 et les assises semblent suffisantes pour porter un clocher qui sera édifié sur les deux volumes, soit sur un plan fortement rectangulaire. Ouvrage achevé vers 1100/1120. L’appareillage en est médiocre et seule la partie occidentale demeurée en l’état comporte des boutisses d’angles en grand appareil.

A la même époque, les deux travées occidentales de la nef également déstabilisées donnent des inquiétudes ce qui impose une seconde reprise en puissance. Dans cet ouvrage, les vieilles maçonneries sont-elles démolies ou simplement englobées dans les nouvelles? Le rapport portée/épaisseur milite pour la seconde hypothèse. Un escalier sera intégré dans le mur. Après ces travaux réalisés vers 1140, l’ouvrage roman est achevé mais les travées centrales que nous avons vues reprises et voûtées après l’incendie seront confortées avec des contreforts externes.

A la fin du XII° ou début du XIII°s. les fondations du clocher se révèlent insuffisantes. Il faut reprendre en sous œuvre l’arc de communication donnant vers la nef et installer un puissant contrefort côté sud. Enfin, à une époque indéterminée, la face orientale du clocher sera elle aussi reprise en parements mais avec une surcharge considérable et cette fois l’aménagement bénéficie de fondations profondes, ce qui stabilisera définitivement l’ouvrage. A la fin du Moyen Age, et comme dans bien d’autres édifices, la nef sera surélevée pour servir de refuge face à l’insécurité chronique qui règne dans ces provinces.


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(A) Vieux mur de la fin du X°s.
(B) Structure archaïque début XI°s.
(C) Nouvelle fenêtre début XI°s.
(D) Reprise massive de la cella orientale milieu XI°s.
(E) Projet de voûtes d'arêtes milieu XI°s.
(F) Voûte en berceau vers 1060.
(G) Elévation du clocher vers 1080/1100.
(H) Reprise massive des travées occidentales vers 1120.
(J) Fenêtre du XII°s. (reprise).
(K) Arc en sous œuvre du XIII°s.
(L) Contrefort du XII°s. reprise ultérieure.
(M) Diverses reprises en parement milieu XIII°s.
(N) Surélévation pour refuge XIV-XV°s.