Le siècle des Plantagenets

BOURG-DU-BOST

Situé sur les premières hauteurs bordant la rive sud de la Dronne, à 7km en aval de Ribérac, le site de Bourg du Bost, dispose d’un terroir polyvalent et bénéficie du transit économique longeant la rivière. L’agglomération profitera de l’essor caractérisant l’époque romane mais sa croissance démographique sera limitée par la présence de nombreuses petites fermettes environnantes. Pour le village proprement dit, 250 300 habitants au XII°s. nous paraît un chiffre optimum. D’autre part le lieu de culte doit partager les paroissiens vivant dans les fermettes avec le village de Chassaignes qui se trouve à 2km au sud sur le plateau. Cette bourgade figure également dans notre analyse.

Le plan du XI°s. comportait deux cella axées, une grande de 6m 20 de large et de 16m de long, et une plus petite, à l’est, d’une largeur de 5m 20 et dont la longueur nous est inconnue pour cause de reprise mais si nous en jugeons par les surfaces consacrées réexploitées, cette cote était voisine de 7m. Ces valeurs prises en interne représentaient une surface utile de 138m, soit une occupation pleine égale à 250 âmes. Ces deux cella sont des ouvrages légers avec murs porteurs en petit appareil et couverture sur charpente.

A Bourg du Bost, les aménagements commencent dès la fin du XI°s. et porteront sur un nouvel ensemble oriental comprenant une abside en hémicycle soigneusement structurée de l’intérieur avec des arcades plein cintre portées par de courtes piles rectangulaires. L’hémicycle proprement dit est prolongé d’une partie droite longue de 4m 20. Cet ouvrage de bonne facture sera coiffé d’une voûte avec cul de four et partie droite en berceau. Les travaux doivent s’arrêter au contact de la grande cella de structure légère. Dans ce programme d’aménagement, le petit appareil domine et tous les arcs sont en plein cintre. Achèvement vers 1115. A cette époque le doubleau oriental s’aligne sur le berceau de l’abside.

La suite de la campagne portera sur un clocher partiellement intégré dans la vieille nef et dont la base est fortement rectangulaire ce qui va compliquer les travaux. Sur le flanc sud, les structures portantes du clocher sont plaquées sur les maçonneries anciennes. Elles sont constituées de deux piles destinées à recevoir les arcs mais celle de l’ouest, déjà achevée avec le doubleau clôturant la voûte du chevet, est plus gracile. Sur ces bases, nous trouvons des arcs formeret à deux rouleaux inégaux. Sur la face nord, le maître d’œuvre sera plus franc dans ses options; le mur de la vieille nef sera démoli et l’élévation refaite à neuf. Nous trouvons en interne un arc à deux rouleaux inégaux comme celui de la face sud mais de plus faible portée. Enfin, la face externe comporte deux contreforts.

Ce premier ouvrage offre une surface rectangulaire de 3m 55 par 4m 60. Nous pouvons imaginer que le maître d’œuvre va achever les parties hautes du clocher sans se soucier du voutement à venir. Ces travaux sont terminés vers 1135 et les arcs sont toujours en plein cintre.

Sur la décennie qui suit, les paroissiens observent de nombreuses travées clocher voûtées en coupole sur les édifices de la région. Ils projettent donc une réalisation semblable sur leur sanctuaire, le travail est délicat mais réalisable. Le maître d’œuvre va intégrer quatre pendentifs réduits dans les angles de la travée et réaliser une coupole sur plan ovale avec de légers encorbellements côté nord et sud. C’est à cette époque que l’arc oriental, côté chevet, sera repris en sous œuvre. Cette coupole irrégulière fut sans doute réalisée sur une période haute, 1135/1145. Une fois ces travaux achevés et les espaces livrés au culte, il aurait été logique de reprendre la vieille nef mais, pour une raison inconnue, elle subsistera dans sa facture XI°s.

L’accès à la nef se faisait par le flanc sud, sans doute pour cause d’encombrement, et le portail primitif du XI°s. a été repris au milieu du XII°. C’est une réalisation soignée qui s’intègre dans un volume de maçonnerie montant jusqu’à l’encorbellement. Enfin, l’abside traitée chichement en petit appareil et sur un sol en dévers, sera, dès l’époque gothique, flanquée de trois puissants contreforts maladroitement disposés, obstruant bon nombre des fenêtres rayonnantes.


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(A) Cella primitive milieu XI°s, 1040/1050
(B) Reprise de la cella orientale, 1090/1100
(C) Hémicycle régulier voûté d'un cul de four
(D) Partie droite voûtée en plein cintre
(E) Structure externe, arc en plein cintre
(F) Aménagement d'une travée clocher, 1110/1135
(G) Arc perpendiculaire en plein cintre
(H) Arcs longitudinaux en plein cintre
(J) Pendentifs sur plan rectangulaire
(K) Coupole sur rectangle aménagé
(L) Clocher rustique vers 1135
(M) Porche sud vers 1130
(N) Reprise de l'arc oriental
(P) Contreforts de sauvegarde, XIII°/XIV°s.
(Q) Plafond en bois époque moderne