LA CAMPAGNE GAULOISE

Toute société est en constante évolution et l'analyse historique ne doit pas prendre le caractère d'un instantané. Notre approche qui portera sur les six siècles précédant la Conquête s'articulera de la manière suivante. Le cadre d'analyse nous sera donné par les critères socio-économiques, les découvertes archéologiques seront ainsi mises en bonne place et les rares données de l'histoire selon les textes ne constitueront que la cerise sur le gâteau. Mais pour bien appréhender ces six siècles, il nous faut d'abord brosser un rapide tableau du contexte antérieur. Puisque l'histoire du monde est une grande saga, voici le résumé des épisodes précédents.

Après avoir vécu tels de grands fauves en suivant les troupeaux de bovidés, comme le faisaient encore les Indiens d'Amérique du Nord il y a deux siècles, les hommes d'Occident vont domestiquer un certain nombre de ces bêtes et sélectionner une race docile, mais les troupeaux restent libres et ce sont les rares cultures qui sont protégées. Sur cette longue période qui semble aller de -4000 à - 1000, les terres du chaînon Centre-Europe sont les plus favorables et la civilisation ainsi définie s'impose. On la dit Celtique mais c'est pure convenance.


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Ces pasteurs exploitent la prairie à l'état naturel. Les espaces herbeux sont dispersés et demeurent ponctués d'arbres et de buissons. Les chardons et les épineux abondent et le rendement en herbe est très modeste. Face aux grands troupeaux gérés de manière collective, les espaces sont donc vites saturés et cette civilisation est fortement expansive. Les peuples qui la pratiquent vont longer le littoral atlantique pour aboutir dans la vallée du Guadalquivir. Ils sont connus des navigateurs méditerranéens, leur métropole est Tartessos et leur situation au delà des colonnes d'Hercule fait d'eux des Atlantes. C'est l'époque où les pasteurs marchent constamment à la recherche de nouvelles terres et doivent finalement se contenter de terrains très peu favorables. On trouve des enclos à bovidés sur le pourtour méditerranéen mais ici les bêtes vagabondent, menacent les cultures non protégées et les nouveaux venus sont en milieu hostile. Certains groupes occupent les îles de la Méditerranée, telle la Crète. Mais le cheptel dégénère, d'où le culte du Mynotore, le géniteur mi-Dieu, mi-bête qui symbolise la richesse d'antan. Les héros tentent alors de joindre la côté Atlantique afin d'y trouver de nouvelles bêtes et notamment des taureaux de sang neuf. Dans cette entreprise, Hercule symbolise la réussite dans une opération où de nombreux Crétois ont sans doute échoué.


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Le II° millénaire avant J-C marque l'apogée de cette civilisation. Avec les pâturages exploités au naturel, les rendements en herbe restent très faibles. Il faut 2 à 3 ha pour un animal adulte.

Dans cette exploitation anarchique, les troupeaux vagabondent durant la belle saison et les hommes coupent du foin qu'ils feront sécher. Cette récolte transportée sur des traîneaux vers un lieu d'hivernage permettra de passer le seuil critique de l'hiver. Durant la mauvaise saison, les hommes façonnent eux-mêmes leurs outils et les premiers artisans spécialisés se distinguent déjà. Ils n'ont pas encore l'outillage de leur rôle fait d'un métal dur et façonnable, mais ils vont le découvrir, l'avenir leur appartient.

L'AGE DU FER

L'apparition mais surtout la grande diffusion de ce métal nouveau va radicalement changer la donne. Maintenant, l'agriculteur des campagnes les plus reculées peut remplacer la hache de pierre qu'il portait à la ceinture par un outil de fer. Avec lui il tranche sans difficulté tous les épineux qui encombraient ses pâturages et les rejets des arbres abattus. En quelques générations, ces prés offrent de meilleures récoltes de fourrage et les racines qui encombraient le sol disparaissent. La mise en culture en est facilitée. Désormais les poussées démographiques ne se traduiront plus par une expatriation mais par un aménagement du terroir. Graines et céréales sélectionnées vont prendre une part majoritaire dans l'alimentation et les exploitations toujours fixées à flanc de vallée, près du cours d'eau, vont gagner sur le plateau traditionnellement réservé à la grande futaie. Dès lors, l'esprit du monde rural change radicalement, ce qui prime désormais ce n'est plus l'intérêt des troupeaux mais celui des cultures. Celles-ci sont installées en champ libre et ce sont les bêtes qui sont parquées. Cette profonde mutation doit s'amorcer vers l'an 1000 et se confirmer vers l'an 600 avant J-C.

Avec 10 à 15kg de fer, l'agriculteur peut se forger une hache, plusieurs couteaux à usage domestique et un ciseau à bois qui va modifier le traitement des charpentes. Il peut également armer le soc de son araire et augmenter considérablement sa fiabilité. Enfin, avec la hache, le ciseau à bois et éventuellement une herminette, il peut aborder la fabrication d'une charrette archaïque à deux roues sur essieu tournant (charrette dite celtique). Mais pour que l'engin soit fiable, il faut cercler les roues de bandages métalliques ce qui demande 15 à 20 kg de fer supplémentaire. Ce véhicule toujours en usage aujourd'hui remplacera avantageusement le traîneau fait d'un tronc de bouleau avec deux stabilisateurs latéraux. Il permet également de mieux transporter le fourrage et les céréales récoltées mais aussi en retour le fumier pour l'amendement des terres. Les surfaces cultivées s'accroissent dégageant alors un excédent céréalier qui peut être offert au marché. Avec quelques aménagements la charrette va mener ces produits vers un lieu de négoce où ils seront échangés contre un outillage manufacturé par des artisans spécialisés. Cette agglomération à vocation économique se distingue bien vite de l'oppidum traditionnel, c'est la bourgade.

Mais nous venons de développer les caractères d'une exploitation riche qui doit couvrir 20 à 25 ha, dont 10 mis en culture avec un cheptel d'une dizaine de bovidés dont une paire de bœufs. Les travaux qui restent en majorité manuels demandent une maisonnée de 15 personnes au moins, c'est plus qu'une famille en ligne directe. Nous trouvons donc un maître et des commis. Certaines sociétés acceptent d'emblée cette discipline, d'autres pas. Une population en zone dite celtique semble s'en tenir à la gestion strictement familiale des terres, ce qui limite le domaine à 5/6 ha et prive l'exploitant de la paire de bœufs et de l'outillage adéquat. Les différences de mode d'exploitation et de niveau de vie vont donc rapidement se décanter et certaines populations de zone septentrionale commencent à marquer leur différence.

Sur cette trame socio-économique nous pouvons placer nos découvertes archéologiques mais les blancs sont nombreux. Tenter de brosser une image de la société préhistorique avec les seules découvertes déjà réalisées, aboutirait à une véritable caricature. Le III° et le II° millénaires avaient fixé les grands éperons barrés de haies vives puis de fossés mais ces oppidum qui couvraient de 100 à 300 ha ne caractérisaient que la Haute Époque. Sur les deux millénaires qui vont suivre, les implantations satellites se fixent définitivement tandis que les vallées se garnissent de petites exploitations. Ainsi, dans la plupart des cas, comme à Chartres, nous avons l'oppidum mais rien sur les implantations environnantes.

Une certaine école peut prétendre que nous n'avons aucune preuve d'un tel développement mais il faut répondre qu'à refuser l'hypothèse on s'expose à bien mal chercher. En Picardie maritime R. Agache a parfaitement identifié les traces d'une occupation dense et homogène, et c'est cet environnement dense qui justifiera la mutation de ces oppidum du néolithique en métropoles de l'âge du fer.

LA GAULE DU VI° AVANT J-C

Afin de fixer le cadre très général de notre démarche, nous pouvons nous baser sur l'hypothèse suivante. Vers 600 ou 500, les populations d'Occident ont sans doute peuplé l'ensemble des vallées et commencé l'exploitation de certaines zones de plateau. Là, l'eau nécessaire au bétail est fournie par des réseaux de collecte et des mares, tandis que les hommes ont aménagé pour leur usage les poches à condensation ainsi que les premiers puits profonds. Cela doit représenter pour les terres situées entre Rhin, Alpes et Pyrénées, 8 à 12 millions de personnes.

Après avoir abandonné la gestion collective des grands troupeaux, les habitants du chaînon Centre-Europe se fixent maintenant au milieu des parcelles cultivées, mais les terres demeurent morcelées par le mode de succession. Les chaumières sont donc disséminées ce qui retarde le développement des bourgades. Parfois le partage des terres a fixé plusieurs foyers autour d'une cour commune, c'est le hameau.

LES CONSTRUCTIONS GAULOISES

Viollet le Duc soulignait que toute construction doit répondre au programme, c'est à dire abriter au mieux les activités coutumières de ses habitants. D'autre part, le manque de moyen de transports performants et l'absence de routes carrossées qui caractérise cette époque commande de trouver des matériaux dans un rayon de 5 à 10 km environ. Nous pouvons donc concevoir et dessiner une douzaine de bâtisses destinées aux programmes ruraux les plus courants. Sur cette échelle qui va de la simple hutte à l'habitat du Moyen-Age nous sommes assurés d'obtenir, en niveau intermédiaire, les demeures gauloises les plus courantes, la région considérée nous donnant les matériaux dominant employés.

LES PROGRAMMES A BASE DE PIERRES

A l'origine de toute construction il y a la hutte de branchages garnis de végétaux. Les plus fortes branches, qui servent d'ossature, sont plantées dans le sol, bloquées par un niveau de pierres et ligaturées au sommet. L'étanchéité, toute relative, est obtenue par des végétaux entrelacés. Ainsi, dans notre échelle, le premier programme développera l'entourage de pierres jusqu'à constituer un muret qui englobe les branches formant ossature pour leur permettre de tenir un revêtement fait de mottes de terre garnies de racines. Dans le deuxième type, les branches contraintes par la ligature du sommet sont remplacées par une charpente sur faisceau. La couverture reste végétale. Le premier ouvrage constitue un abri provisoire ou saisonnier propre aux périodes de migration, seul le second plus puissant, plus élaboré peut être lié à l'habitat permanent. Si le bois manque et si les matériaux disponibles s'y prêtent, la couverture sera réalisée en encorbellement de pierres, c'est le modèle trois.

Tous ces ouvrages sont circulaires et modestes, les plus courants mesurent de 2m 20 à 3m de diamètre. Leur aire de diffusion très large s'étend de la province des Pouilles à la Cornouailles et des plateaux d'Estremadure aux collines de Provence. Ce sont toujours, semble-t-il, des habitats de bergers ou de cabriers. Sur les hauts plateaux de transhumance, ils constitueront longtemps l'habitat du pasteur et seront couplés à une grande bergerie rectangulaire et basse. Sa couverture végétale sommaire est plus une isolation destinée à protéger les bêtes du froid qu'une couverture efficace.

En quatrième position, nous allons placer un édifice couvert de pierres en encorbellement mais dont le plan est rectangulaire ou ovalisé. Les largeurs demeurent voisines de 2m 50 à 3m et la longueur de 5 à 6m. Là encore le volume est unique est de rigueur et si la surface est compartimentée, c'est à l'aide de cloisons de bois très légères. Il s'agit d'une évolution du modèle trois et l'aire de diffusion est identique. Ces constructions entièrement en pierres sont souvent remontées au cours des siècles et parfois trois gros monolithes encadrant l'accès ont conditionné toutes les reprises.

En cinquième position, nous placerons un édifice des plus courants. Il est formé d'un mur sommairement appareillé avec porte sur linteau de pierre ou de bois mais cette fois la taille est plus importante. L'ouvrage couvre de 30 à 50m2 et la couverture végétale de chaume, de roseaux ou de genêts ligaturés est installée sur une charpente en faisceau avec une poutre faîtière. Comme dans les constructions du modèle trois, les baliveaux ligaturés ou entrecroisés assurent le plan de pose de la couverture. L'aire de diffusion de ce modèle est très large. Elle couvre la totalité de la zone Centre-Europe ainsi que les rivages de l'Atlantique. Y figurent également toutes les régions boisées qui bordent le bassin méditerranéen.

Les fouilles menées sur les castros de Galice ont livré de bons exemples archaïques mais des édifices de même nature étaient toujours en usage en Bretagne et dans les régions du Centre-Europe au siècle dernier. C'est un volume unique où cohabitent bêtes et gens seulement séparés de clayonnages de bois. L'espace privé du couple est constitué par une alcôve très sommaire et le lit clos représente l'aménagement le plus élaboré. Ce genre de chaumière archaïque est au centre d'une exploitation de 3 à 5ha. Une vache et 2 ou 3 porcs constituent l'extrême richesse de ces familles où le constant partage des terres est à l'origine du morcellement des propriétés et de la misère endémique. Ce cinquième modèle avec charpente ligaturée est concevable dès le début du néolithique.

En sixième position, nous allons placer une construction de même genre dont l'appareillage des pierres est plus soigné avec mortier de sable et d'argile. Cette maçonnerie beaucoup plus stable permet de monter des pignons ainsi que des cloisons internes et cette fois le volume exclusivement réservé aux humains se décompose en trois pièces: une salle commune au centre et deux chambres aux extrémités, une pour le couple l'autre pour les enfants. La couverture est toujours végétale. L'appareillage des pierres marque l'arrivée des outils métalliques et ceux-ci permettent également de réaliser les fermes avec montage à bois qui se substituent à l'archaïque charpente ligaturée. Ils permettent également de réaliser une porte et des volets intérieurs en planches refendues assemblées par chevilles. Ce type de construction peut être considéré comme courant dès l'Age du Fer et il constituait la majorité des habitats ruraux au XIX°.

Dans les meilleures conditions, la famille peut rassembler 6 à 10 ha, et le bétail maintenant plus nombreux est installé dans une étable distincte construite dans le prolongement du corps de logis. Enfin si l'équipement permet de cultiver 2 ou 3ha environ, un petit hangar prolonge l'étable. Là doit se limiter le domaine d'une cellule familiale au sens strict. J'ai deux beaux bœufs blancs dans mon étable comme dit la chanson représente certes une formule poétique mais constitue également la marque d'une réussite sociale.

Sur les terres du bassin méditerranéen, l'âge du fer a également permis le développement des surfaces cultivables. La population s'accroît et l'espace vient à manquer à l'intérieur du modeste village aménagé sur l'éperon dominant la source. En période calme, la population excédentaire s'installe dans la vallée mais elle se trouve hors de la protection offerte par le périmètre fermé du village et se repliera sur cet espace de sécurité dès la moindre alerte. Il faut donc aménager les bâtisses en hauteur. Les pierres dégagées des champs cultivés et temporairement établies en murets sont amenées sur le site. Appareillées et maçonnées, elles permettront de réaliser les constructions à plusieurs niveaux où l'étable se trouve de plain pied, et l'habitat monte au premier niveau sur plancher. Il est accessible par un escalier extérieur. Enfin, le niveau des combles, lui aussi surélevé, sert de grenier et de séchoir.

La quantité considérable de pierres ainsi accumulée dans le village est constamment réemployée. Certaines agglomérations datées du Moyen-Age peuvent donc exploiter des matériaux et des fondations datant de l'époque gauloise. Cette bâtisse rurale à étage figure en septième position.

Toutes ces constructions ont un point commun, elles exploitent des matériaux durs et les cercles de pierres ou murets de fondation sont facilement identifiables par l'archéologie. Cependant la médaille a son revers. Le réemploi des matériaux, la présence du point d'eau et la disposition des champs cultivés, parfois en terrasse et au prix d'efforts considérables, fixent définitivement les sites où la viabilité est satisfaisante tandis que les fouilleurs qui cherchent du grain à moudre vont s'acharner sur les rares habitats abandonnés. Les informations statistiques ainsi obtenues peuvent donner une image aberrante de la société gauloise.

LES PROGRAMMES A BASE DE BOIS

Les constructions suivantes classées de huit à douze sont de facture totalement différentes. Nous les trouvons essentiellement en région septentrionale sur les plateaux calcaires où les terres sont riches et les pierres dures inexistantes. Ici le recul de la forêt profite aux bovidés et le premier habitat très léger répond surtout aux besoins du troupeau. Il est fait d'une charpente en faisceau ligaturée avec structure de baliveaux et couverture de chaume ou de roseau. L'entourage de base, de faible hauteur, est constitué de branches entrelacées mais le plus souvent la couverture descend pratiquement jusqu'au sol et l'accès se trouve sous un auvent, c'est le modèle huit.

Les hommes et les bêtes vivent sous le même toit mais les ouvrages sont de grande taille. La cellule familiale inclut les ascendants et compte de huit à dix personnes avec un cheptel de douze à quinze têtes. La surface couverte est donc voisine ou supérieure à 100 m2. Cette exploitation de base s'installe primitivement en bordure de rivière ou de ruisseau.

Sur les oppidum ou les installations satellites de plateau, il faut sévèrement gérer l'eau obtenue à grand peine par des captations de surface. La gestion du troupeau ainsi que l'habitat demeurent collectifs. Les constructions sont généralement formées de plusieurs volumes privés alignés sous un même comble mais peu à peu les hommes et les bêtes vont se séparer.

En neuvième position nous placerons le même type de bâtiment toujours commun aux hommes et aux bêtes mais où la charpente en faisceau est plus soignée. D'autre part, les murs périphériques mieux caractérisés sont formés d'une ossature de bois talochée d'argile. La couverture végétale reste fortement débordante afin d'écarter tout ruissellement qui ruinerait les bases. C'est dans ce mode de construction que la demeure va désormais se distinguer de l'étable.

Dans certaines grandes constructions de ce type, les faisceaux qui supportent la charge de fourrage engrangé au-dessus du niveau d'étable ont tendance à s'enfoncer dans le sol détrempé par les ruissellements du toit. Leur base sera donc fixée dans une entaille des poteaux périphériques qui deviennent alors très puissants. Lors des fouilles aucune trace de faisceaux n'apparaît, cependant le procédé demeure.

En dixième position nous placerons le premier habitat spécifique des régions septentrionales. Il exploite les traitements élaborés dans les édifices précédents. Les murs sont en argile mêlée de courte paille; c'est le torchis. Les ouvertures sont coiffées de rondin ligaturés par deux ou par trois. Dans les fermes de charpente la membrure transversale (entrait) formée de deux troncs ligaturés enserre une pièce de bois qui n'est pas encore le poinçon. De ce système dérive la charpente sur pilettes que l'on trouve dans les temples grecs. Le procédé va concurrencer le faisceau et bien que dépourvu de tout montage à bois il annonce la charpente traditionnelle. Les rampants sont portés par une faîtière et la couverture de chaume ou de roseau est toujours fortement débordante afin d'éviter l'érosion des assises. Là, un blocage de petits moellons viendra ultérieurement protéger le torchis: c'est l'amorce du soubassement.

L'apparence de cette construction est déjà très contemporaine cependant elle est parfaitement réalisable dès le néolithique, soit le 4ème ou 3ème millénaire avant notre ère. Le volume interne est toujours unique mais les aménagements par cloison de bois vont s'imposer pour faciliter la vie.

Ce volume de 60 à 80m2 au sol va se modifier avec l'âge du fer. L'outillage métallique permet d'ouvrir de modestes carrières à flanc de falaise et de préparer des petits moellons de pierre tendre. Sommairement appareillés et maçonnés de sable et d'argile, ils forment maintenant un mur traditionnel. Les joints sont minces et la surface externe résiste bien au ruissellement. Descendue dans une tranchée jusqu'au niveau hors gel, cette maçonnerie constitue à la fois fondations et soubassement. Limitée à deux ou trois pieds au-dessus du sol, elle porte un longeron qui reçoit par tenons et mortaises les bois qui forment la structure du mur. La garniture est maintenant faite de petits moellons maçonnés comme le soubassement mais l'épaisseur est moindre, de l'ordre d'un demi-pied.

La charpente demeure fidèle au principe ancien mais les montages à bois remplacent les ligatures mises en tension à l'aide de coins et les couvertures en chaume ou roseau vont trouver un sérieux concurrent avec le bardeau. Ces planchettes de chêne ou de résineux soigneusement refendues sont installées en écaille et fixées avec des chevilles de bois introduites dans des trous percés au fer rouge. L'utilisation des premières tarières à langue d'aspic ne dispensera pas de la cautérisation au fer rouge. Si cette couverture est convenablement brossée pour éviter toute formation de mousse, et périodiquement enduite de graisse et de cendre blanche, sa durée de vie peut atteindre deux ou trois siècles.

Dans cette construction classée en 11ème position et toujours exploitée de nos jours, les aménagements qui se situent entre le mur et les combles seront les plus délicats à traiter et les plus longs à se fixer.

Pour bien supporter les assauts du temps et répondre au programme, cette construction sur ossature de bois (les colombages) doit se défendre de l'humidité et la meilleure parade est une bonne ventilation. L'ouvrage de qualité est installé sur une cave qui permet de maintenir dans une fraîcheur relative et à l'abri de la lumière, les laitages, fromages et certains légumes. L'accès peut se faire par une simple trappe dans le plancher ou par un escalier tangentiel abrité. Dans le cas où la cave s'étend sous l'ensemble de la construction, le niveau d'habitation est établi sur poutres, lambourdes et niveaux d'argile battue sur treillis de bois. Le plancher demeurera longtemps inaccessible. Les premiers seront réalisés en petits morceaux refendus, fixés comme les bardeaux et réservés au niveau supérieur, celui du plafond où la fatigue à l'usage est moindre.

Le comble sert naturellement de grenier à foin mais il assure aussi le séchage de certaines récoltes, fruits et graines. C'est dans cette partie que l'édifice évoluera le plus. Dans les ouvrages les plus élaborés, ce grenier dont l'accès se fait par le pignon ou par une lucarne latérale devient totalement indépendant du mur. Il constitue un ensemble en charpente installé en encorbellement sur les parties basses. Cette disposition doit assurer la protection du mur et la ventilation du grenier. Les infiltrations et condensations internes que le bardeau ne peut éviter totalement sont normalement absorbées puis évaporées par les bottes de fourrage disposées savamment, mais si le grenier en est dépourvu, le sol est garni d'écorce de chêne qui font office d'absorbeur et de drain. L'extrados de certaines voûtes d'églises romanes était également protégé de la sorte et des nettoyages inconsidérés ont parfois mis en danger le blocage des voûtes.

Dans ce descriptif de l'habitat N° 12, nous avons pratiquement les caractères des constructions septentrionales courantes du siècle dernier.

Les bâtisses 8, 9 et 10, toutes de bois et d'argile, ne laissent généralement aucune trace archéologique. Sous l'action du feu tout se consume, y compris les pieds de poteau et sur les modèles 8 et 9 les pluies ont vite fait de décomposer l'amalgame d'argile. D'autre part, les activités qui se sont développées dans l'exploitation ont détruit toute végétation à l'entour et le ruissellement accélère l'érosion. Par contre, dans les cas probablement rares où le site est abandonné par ses occupants, la dégradation est lente, charpente et couverture s'affaissent et protègent ainsi quelques traces. Nos découvertes portent généralement sur les pieds de poteau que l'on peut mettre en évidence avec un décapage sur grande surface mais faut-il encore que ces vestiges soient suffisamment profonds pour avoir résisté à l'érosion et aux labours.

Si toutes traces des bâtisses disparaissent nous retrouvons par contre le dessin des enclos et levées de terre avec haies vives. La fosse qui a permis le remblai se comble rapidement de feuilles mortes et de végétation pour former un important volume d'humus qui subsiste de nos jours sous forme de traces sombres. Mais ce n'est sans doute pas le seul phénomène. Les racines de haies vives qui pénètrent le sol et se décomposent sur plusieurs siècles finissent par former également une trace profonde de terre végétale dans l'argile. Si la haie demeure vive, ses racines engendrent également une accumulation de surface qui peut être confondue avec un remblai édifié par l'homme. Après quatre ou cinq siècles d'existence, ce talus peut atteindre 2m 50 de haut et 4 à 6 m3 de volume linéaire. D'autre part, la circulation périphérique des véhicules favorise l'érosion du pied et accentue le phénomène. Dans les grandes fermes de plateau du pays de Bray, formées lors des remembrements du XIX° dans l'enceinte de petits hameaux du XV°-XVI°, ces levées totalement naturelles sont parfois considérables.

Ce sont ces traces d'enclos qui représentent la majorité des découvertes de R. Agache en Picardie maritime. Les plus petites, de plan circulaire marquent les premières implantations systématiques et se situent en majorité à mi-pente, le long des vallées. Les découvertes de Neufmoulin, près de Saint-Riquier, sont très significatives. C'est le développement de l'agriculture qui pousse certaines familles à s'isoler ainsi pour mieux profiter de leur travail personnel.

Les grands enclos ovoïdes ou rectangulaires ont pour origine des installations collectives où la part du pastoral demeure dominante. Nous les trouvons en tout lieu mais elles sont majoritaires sur les plateaux. La plus importante concentration découverte par R. Agache se trouve autour d'Airaines. Il s'agit sans doute d'implantations satellites devenues permanentes où le pastoral restera longtemps majoritaire mais avec les mises en culture qui se développent sur les derniers siècles précédent la conquête, certains de ces enclos sont devenus de petits hameaux. Enfin ils seront dominés par un exploitant céréalier, et cela dès l'époque gauloise. D'autre part, certains des grands domaines gallo-romains des plaines du Santerre se sont sans doute substitués à des propriétés gauloises déjà bien remembrées. Leur disposition rayonnante autour du site ou de la dépression qui fixa le premier habitat témoigne en ce sens.

Les édifices 11 et 12 laissent des traces archéologiques évidentes. Les fondations de pierre descendues hors gel à moins de 70/80 cm ainsi que les murs des caves qui plongent à 2m 50 environ demeurent en place. Certes les parties supérieures ont été totalement arasées par les remises en culture mais sur la période historique les socs de charrue ne descendaient guère à plus de 15 à 18 cm. Ce sont les premiers labours profonds qui seront à l'origine de nos plus belles découvertes sur plateaux.

Les caractères de cet habitat rural antique sont connus depuis le XIX°. Parmi les premières découvertes consignées par les archéologues, citons les traces relevées autour du site de Champlieu, au temps de Napoléon III. Elles sont d'époque gallo-romaines mais s'apparentaient étrangement aux fondations que les maçons du temps réalisaient encore dans la vallée de l'Automne cependant, personne n'est surpris. A cette époque, historiens et chercheurs pensent que la civilisation occidentale vient tout juste de rattraper en ce domaine, le niveau atteint par la Rome antique. Aucune démarche sérieuse n'est donc mise en place pour restituer cet habitat, toutes les préoccupations portent sur la découverte des grands ensembles architecturaux. Quant à l'habitat gaulois de même nature, il est ignoré, voire même mis en doute. Il serait pourtant bien naturel d'imaginer que l'ordre romain n'a guère changé le mode de vie des petits paysans gaulois.

Deux productions nouvelles vont cependant modifier le caractère de l'habitat ordinaire: les tuiles et le mortier de chaux. Les tuileries cuisent maintenant dans de grands fours de briques et les énormes économies de calorie ainsi réalisées permettent une grande diffusion du produit. Les maisons rurales les plus modestes peuvent abandonner le chaume et le bardeau pour ce mode de couverture léger et parfaitement étanche. D'autre part, les grands programmes de construction ont justifié l'aménagement de fours à chaux sur les lieux d'extraction et la production ainsi développée devient de grande consommation. Cette nouvelle maçonnerie plus performante permet des constructions à plusieurs niveaux ou très vastes. Cependant les programmes pauvres continuent à maçonner au sable et à l'argile, le mortier de chaux étant réservé aux joints externes.

Les périodes de grand développement qui ont marqué notre histoire n'ont fait qu'accentuer les différences de niveau de vie au sein de la société et le phénomène a sans aucun doute marqué l'époque gallo-romaine. Les énormes et luxueuses bâtisses que se font construire les exploitants céréaliers des plaines du Santerre, dès le siècle des Antonins, devaient voisiner avec de modestes villages établis sur les rives de la Somme. D'autre part, les grandes villas du Languedoc demeuraient contemporaines des pauvres bâtisses de bergers et cabriers vivant sur les hautes terres.


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Dans les régions de montagne, et plus encore sur les rivages de Méditerranée, les sites de repli voient s'accumuler une quantité considérable de pierres dont la forme naturelle, ou le degré de façonnage, déterminent l'usage. Elles seront constamment réemployées et l'installation nous offre ainsi le visage du dernier aménagement en date. Heureusement, certains lieux, tel Dimini, nous permettent de retrouver l'aménagement initial qui peut remonter au néolithique. (A et B) sont des reprises mycéniennes.

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La hutte de pierres (A) découverte à Chypre, date de 2000 avant J-C, mais certaines sont datées du Vème avant J-C. Le principe se retrouve dans les trullis (B), d'Alberobello, dans les Pouilles. Ils sont toujours en usage et leur datation varie du VIIIème au XIIème de notre ère. Le modèle (C) classé 5 sur notre échelle se trouve dans les castros de Galice. Enfin, la maison ovale de Chamaizi (D), en Crète, comporte des murs et des compartiments internes en pierre, avec couverture végétale (restitution en E). Elle est datée de 2000 avant J-C mais des ouvrages identiques peuvent se voir aujourd'hui encore à Cabrera, en Galice. Toutes ces découvertes ont leur équivalence contemporaine. D'autres part, ce sont des demeures de bergers ou de cabriers impropres à représenter l'architecture majoritaire de la période préhistorique.



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Fouillés dans les années 40/50, en un temps où l'Espagne meurtrie tentait de retrouver une certaine cohésion nationale en se consacrant à la recherche de ses origines, les castros de Galice constituent des habitats pauvres de bergers et de cabriers. Coana est le plus remarquable. Les périodes d'occupation, mal déterminées, semblent correspondre aux six siècles précédent la Conquête Romaine mais ils furent sans doute réactivés au Bas-Empire. Il serait peu probant de les lier à la pression des mouvements venus de méditerranée, mieux vaut les interpréter comme les positions de repli des pasteurs devant la progression des troupeaux de bovidés.

Le plan des habitats très désordonné exlut tout programme. Nous avons tenté de représenter les surfaces de circulation (A) et les espaces privés (B) susceptibles d'être cernés de barrières de bois. Les bâtisses sont rondes (C), ovales (D) ou rectangulaires (E) et nous avons là quatre des douze niveaux fixés sur notre échelle. Le modèle 1 fut très souvent repris en mode 2. Le 3 est absent, les matériaux ne s'y prêtent guère. Enfin une bonne part des bases de plan ovoïde ou rectangulaire correspond au modèle 5. Nous pouvons imaginer que toutes les constructions circulaires furent aménagées sur une base primitive type 0. Dans cet ensemble il est bien difficile de fixer les bâtisses réservées aux hommes et celles qui serviront d'étables. Nous pouvons penser que les plus petites servaient aux humains et les grandes aux troupeaux, comme cela se pratiquait sur les pâturages de plateau, mais ici les gens vivent en famille et l'inverse serait plus logique. Enfin, selon une troisième hypothèse, nous dirons que les bâtisses les plus récentes et les mieux couvertes étaient choisies par les familles, les autres consacrées aux bêtes.


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L'édifice placé en 5ème position sur notre échelle demeure très courant en Bretagne. La chaumière (1) située à Kerspec, commune de Plumelin, Morbihan, comporte des murs de pierre avec couverture végétale, sur une faîtière soutenue par quatre pieux dont deux en faisceaux (A,B) entourant le foyer central (C). Le modèle 2 situé à Tatforest, commune de Plumelin, Morbihan, comporte lui une faîtière sur un tronc tordu (D) maintenu en faisceau. Le modèle 3, voisin du 2, comporte trois faisceaux caractérisés, (F,G,H). Parfois l'ouvrage remodelé possède une charpente traditionnelle, comme à Koh-Coët, Guenin, Morbihan. Enfin, la maison de Kervaly, Plumergat, Morbihan, illustre le modèle 6 de notre échelle. Ces relevés sont consignés au Musée des Arts et Traditions Populaires.


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Dans les régions fertiles du Centre-Europe, l'âge du bronze et du fer permet une mise en culture importante et la cellule familiale rassemblant 6/10 ha peut développer son programme de construction. Après l'habitat étable (N° 5), le volume s'allonge et l'étable devient indépendante. Enfin, l'espace sous couverture, mal aéré et exposé aux condensations d'origine animale, est jugé impropre au stockage du foin et céréales, et ceux-ci trouvent un abri spécifique: la grange ou le hangar. Ces problèmes de condensation, joints à la mauvaise étanchéité des couvertures, va conduire à la modification des charpentes. Dans le modèle (A) la condensation est bloquée par un niveau d'argile tandis que les infiltrations sont absorbées par le lit d'écorce, mais les produits moisissent vite. La composition (B) permet d'ouvrir une ventilation basse (d), c'est la meilleure solution. Le modèle suivant donne un volume utile (D) destiné au séchage des graines en cosse mais il faut lui laisser aérer le volume (C). A est compatible avec le néolithique, les deux autres réalisations sont à classer dans les âges du bronze et du fer.


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La construction septentrionale la plus évoluée est le type 12. L'ensemble réalisé en structure de bois garnie de petites maçonneries à l'argile comporte trois niveaux. Une cave, A, destinée aux laitages, un niveau d'habitat, B, et un volume de séchage sous combles, C. Ce dernier, protégé des condensations ménagères par un plafond d'argile est réservé aux graines en cosse, avant battage. Nous avons mis cet ouvrage en parallèle avec une restitution hypothétique établie sur des bases découvertes à Numance, (îlot périphérique). Cette fois, les murs sont entièrement réalisés en pierres mais le programme est identique, c'est donc lui qui s'impose quels que soient le contexte et les matériaux disponibles. C'est le propre de l'architecture élaborée. Ces deux constructions sont réalisables dès l'âge du fer mais restent présentes sur toute la période historique.


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Sur le pourtour méditerranéen, en zone sèche, et sur les terres arides de Pied-Monts, l'habitat permanent va se fixer aux abords d'une source et sur une hauteur dominante. Les troupeaux de chèvres et de moutons sont envoyés sur les hautes terres et les cultures en terrasse se développent à flanc de coteau. Si la population augmente, l'espace fermé par les murs externes de l'agglomération devient trop exigu et les bâtisses se développent sur trois niveaux: une bergerie (A) un habitat (B) et un grenier (C). Les murs (D) constitués de pierres sélectionnées ou sommairement appareillées sont puissants et les poutres (E) des différents niveaux portent sur un mur de refend (F). Les linteaux sont en pierres (G) ou en bois (H) et l'escalier d'accès (J) généralement externe. Enfin, la couverture (K) qui exploite le mur de refend est en pierres plates. Cet ouvrage qui occupe la 7ème position sur notre échelle est difficilement compatible avec les moyens du néolithique mais parfaitement réalisable dès l'âge du bronze et mieux encore à l'âge du fer.


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Habitat Antique modele 8

Habitat Antique modele 9

En région septentrionale, sur les plateaux calcaires, les pierres dures manquent mais le bois et l'argile abondent et les constructions en porteront la marque. Avant l'age du fer, les charpentes sont entièrement ligaturées et montées sur faisceaux. Le premier dessin represente une vaste construction d'hivernage ou bêtes et gens vont trouver refuge contre les intemperies. Les faisceaux (A) sont plantés et la couverture (B) touche le sol. L'accés se fait sous un auvent (C). C'est le modele 8 de notre échelle. Le modele 9, second dessin, est plus elaboré Une ceinture (D) sur poteaux (E) permet de soulever la couverture (F) et le mur (G) prend corps. II est constitué de lattis de bois garnis d'argile taloché, mais les faisceaux risquent de s'enfoncer (H) sous le poids du fourrage (J). Ils seront done bloqués sur de puissants poteaux (K). Nous ne trouvons plus trace du faisceau mais il demeure.


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La construction de type 10, avec ses murs épais entièrement faits de torchis, et coiffée d'une couverture végétale fut sans doute l'habitat majoritaire en région septentrionale. La charpente entièrement ligaturée peut être constituée d'un poteau (A) portant une faîtière (B) qui reçoit les structures de couverture (C), mais pour assurer la stabilité du "pilon" celui-ci est enserré entre deux poutres (D). Tous les bois en contact avec le torchis s'y trouvent encastrés. Enfin, les linteaux d'ouverture (E,F) sont formés de troncs ligaturés. Cependant le pilon peut être considéré comme gênant et supprimé, il ne reste alors que le sommet formant pilette (G). Nous la retrouvons dans les charpentes des temples grecs. Mais dans ces conditions le poids de la couverture peut faire fléchir les deux poutres transversales, la portée est donc limitée. Celle obtenue avec les faisceaux est beaucoup plus grande, le procédé se maintiendra donc dans les granges-étables. Les structures portant la couverture peuvent être tissées (H) ou ligaturées (J). En assainissement, cette construction se comporte en volume unique et la ventilation est convenable. Si le comble reçoit du fourrage, il est mis sur de petits rondins (K) et la ventilation n'est pas altérée. Par contre, si pour leur confort les usagers installent un plafond de baliveaux et d'argile, toute évaporation haute est condamnée. Couverture et produits engrangés moisiront très vite. C'est pour lutter contre ce phénomène que seront imaginés les aménagements hauts du modèle 12.


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Si les énormes apports de matériaux réalisés sur les installations de pierre sèches assurent la sauvegarde du site, les habitats où le bois et l'argile dominent sont, eux, fragiles et parfois éphémères. Les plus exposées seront les installations de repli établies sur une hauteur, là où le ruissellement peut, très rapidement, éroder une ruine calcinée. C'est le cas des villages fermés que réalisent les populations rurales dans les périodes d'insécurité (A). Pour obtenir les rayons de giration nécessaires aux chariots, sur une surface minimum, les cours seront communes (B). Ainsi la majorité des bâtisses se trouve concentrée à la périphérie sur l'amalgame de terre et de troncs d'arbres (C,D) qui assure l'esplace plan. Tous ces apports réalisés par l'homme peuvent être ravinés et emmenés en contrebas en moins d'une génération. Seuls subsistent les petits moéllons des soubassements mais comme ils sont généralement en pierre tendre, le gel a tôt fait de les éclater. Leur présence sous le couvert végétal au sommet ainsi que les excédents d'argile mêlés de cendre que l'on trouve en contre-bas, témoignent d'un habitat. La démarche archéologique n'est pas évidente, voire peu crédible pour certains. Ainsi, dans bien des régions, on peut douter de l'existence des villages Gaulois, voire de certains villages du premier millénaire, sauf si une église et un cimetière sont là pour fixer les hommes sur le site. Le dessin II montre un petit hameau de refuge qui peut être totalement ruiné en moins d'un siècle, cependant l'homme averti recherchera les traces des voies d'accès (E) qui ont entaillé les flancs de la colline.

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En hypothèse vraisemblable, nous pouvons admettre des demeures gauloises de qualité et, faute d'information, imaginer leur traitement sur une échelle de valeur dont le mini et le maxi seront définis comme suit: mais en tout état de cause le principe architectonique demeure celui des murs porteurs (A) et de la poutre sur deux appuis (B). Au plus archaïque nous placerons l'appareillage très ordinaire mais avec un revêtement particulièrement soigné sur les murs (C) et les planchers de rondins juxtaposés (D), totalement englobés (E). C'était sans doute le traitement des palais crétois. Au plus élaboré, nous admettrons des murs bien maçonnés avec structures (F) et parements internes et externes (G), le tout parfaitement appareillé. C'est le cas des belles demeures des XIII° et XIV siècles. Le descriptif que César nous donne du Murus Galicus qu'il a affronté à Bourges témoigne que les Gaulois réalisaient des ouvrages de pierres parfaitement appareillés. Les divers traitements qui se situent entre ces deux extrêmes ne préjugent pas du programme imposé par l'usage. Ultérieurement nous proposerons un mode de construction sur des plans découverts par R. Agache, en Picardie.

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