CHAUVIGNY
Le site de Chauvigny est dominé par un éperon calcaire escarpé. La position est excellente et son occupation préhistorique ne fait guère de doute. Dès l'époque romaine, une voie stratégique de seconde importance reliant Poitiers à Argenton-sur-Creuse passe à proximité du lieu mais le premier tracé qui recherchait les meilleures conditions de franchissement devait se situer plus au sud, au niveau de Saint-Pierre les Eglises. Cependant, au siècle des Antonins, l'agglomération qui s'est formée au pied du site traditionnel justifie une dérivation du tracé tel qu'il sera repris à l'époque historique. C'est la N 151 d'aujourd'hui. Au Bas-Empire, une partie de la population s'installe sur l'éperon tandis que les artisans et commerçants préfèrent se maintenir au carrefour formé par la voie de fanchissement et le cheminement sur berge. Le site a fixé ses caractères pour quinze siècles.
Dès le XI°, la position est trop tentante pour la gente féodale et l'évêque de Poitiers juge prudent de s'en adjuger la garde et les avantages. Un lieu de culte existe déjà dans la cité haute. Il en est fait mention en 1030. L'édifice sera remplacé par l'église Saint-Pierre (A) entreprise vers 1060 et achevée au XII°. A la même époque, trois constructions fortes seront édifiées sur l'éperon: le château, ou demeure des évêques (B) sur l'extrémité, une construction baronnale, ou château de Gouzon (C) qui défend la première enceinte (È) côté plateau et le château de Monléon (F) à côté de l'église Saint-Pierre. Le château d'Harcourt (G) occupera, au XIII °, le flanc est du promontoire. Parallèlement, la ville basse se développe autour de son propre lieu de culte, l'église Notre—Dame. Limitée au sud par la dépression du rû (J), l'agglomération connaît une limite incertaine au nord, mais sa superficie, au XIII°, est supérieure à 12 ha.
Chauvigny. Vue d'ensemble.
Chauvigny. Vue d'ensemble avec le château des évêques (château aval).
Chauvigny. Cour intérieure du château.
Chauvigny. Porte du château. Vue intérieure.
La première mention de l'église de Saint Pierre de Ghauvigny date de 1030, sans doute un édifice léger de même taille que l'ouvrage actuel et c'est sa façade qui a justifié le rétrécissement occidental de la nef (A). Les travaux reprennent vers 1070/1080 avec le chevet à trois chapelles rayonnantes (B) ouvrant sur un déambulatoire excentré (C) coiffé d'une voûte en berceau annulaire (D) bien que les six piles (E) offrent un découpage rayonnant régulier. Suit une croisée rectangulaire (F) qui s'intègre dans un transept existant (G) mais reprise en parements. Achèvement de l'ensemble oriental vers 1100. C'est un ouvrage remarquable qui se raccorde provisoirement sur la nef du début du XIos. Les travaux reprennent vers 1130. La première travée longue (H) semble condamner l'ouvrage ancien puis le pas ainsi que la portée se réduisent sur les travées (J,K,L,M,N) les piles sont quadrilobées (P) et les bas côtés coiffés de voûtes d'arêtes (Q) La grande nef reçoit, elle, un berceau plein cintre avec doubleau ( R ).
Chauvigny. Rue principale et clocher St Pierre.
Chauvigny. Cour intérieure du château.Les voûtes de l'église St Pierre avec trois viasseaux sous un même comble.
Chauvigny. En interne. La nef au contact de la croisée.
Chauvigny. En interne. l'abside et son cul de four percé de trois fenêtres. Ouvrage du XI°s.
Chauvigny. En interne la croisée du XI°s avec une coupole sur trompes réduites.