POITIERS

Sur la période du Bas Empire, les habitants de Poitiers ruinés et mis en péril par les troubles intérieurs vont abandonner les quartiers périphériques et tenter de mettre en défense le centre ville. Dès 280, la cité a sans doute organisé un premier espace fermé appuyé sur l'abrupte qui délimite le nord du promontoire et dont le périmètre inclut à la fois l'amphithéâtre et le forum, deux gros ensembles qui, barricadés à la hâte, furent les premiers lieux de repli. Avec la renaissance constantinienne, la ville tente de retrouver son articulation d'antan et ses défenses hâtivement aménagées sont en partie désaffectées, mais l'Occident ne retrouvera jamais sa splendeur passée et, vers la fin du IV°s., une seconde enceinte beaucoup plus puissante et vaguement circulaire vient flanquer la première défense. Elle prend appui sur le quartier du forum où se trouve un lieu de culte qui deviendra Notre Dame La Grande et englobe les quartiers menant vers le Clain. Là se trouve la première cathédrale ainsi que le baptistère.

Le tracé de cette seconde défense fut peut être fixé lors de l'énergique gouvernement de Saint Hilaire, évêque de la cité de 350 à 368. Il fut exilé en Phrygie, de 356 à 360, pour avoir combattu rarianisme bien implanté en Orient ainsi qu'à la cour impériale. De retour à Poitiers il reçut Saint Martin, l'apôtre des campagnes, mais fut déçu par son comportement et lui offrit alors un cadre à sa convenance, à Ligugé, non loin de Poitiers, sur les bords du Clain. Ce lieu allait devenir la première abbaye rurale d'Occident.

Hilaire, d'origine bourgeoise et né dans la cité, vivait avec quelque aisance dans une propriété établie dans le faubourg sud près de la crête du promontoire. S'agissait-il d'un domaine familial? C'est probable puisque sa famille non chrétienne et attachée aux traditions antiques devait faire partie de la société des notables. Sur ce domaine il fait construire un petit oratoire qui sera ensuite remplacé par une chapelle consacrée à deux saints contemporains : Jean et Paul martyrisés par les Ariens. Après son décès, en 368, Hilaire est inhumé dans sa chapelle privée, ses parents, sa famille le seront également.

LE FAUBOURG SAINT HILAIRE

Vers 450/500, la paix règne à nouveau en Aquitaine et la ville de Poitiers retrouve sa fonction de métropole. La grande voie nord/sud issue de l'itinéraire romain menant d'Orléans à Saintes, est à nouveau fréquentée par des voyageurs et marchands et tout ce qui pouvait subsister de l'enceinte primitive disparaît. Le transit économique bénéficie également au faubourg sud où se trouve établie l'église Saint Hilaire qui devient rapidement la paroisse majeure de ce quartier. L'édifice reconstruit et agrandi reçoit également de nombreux fidèles venus prier sur la tombe de l'illustre évêque qui sera bientôt considéré comme un saint.

En 732, selon la chronologie romaine, ou en 731 selon celle d'Alexandrie à laquelle les musulmans font références, les troupes d'Abd Al-Rahman abordent Poitiers par le sud. La ville est elle défendue à l'endroit où le promontoire est le plus resserré, soit à 400m de l'église Saint Hilaire? C'est probable. Mais il s'agit d'un mur léger avec une ou plusieurs portes comme il convient à un faubourg actif qui veut contrôler les mouvements nocturnes sans gêner les activités du jour dont il tire grand profit. Les forces musulmanes vont franchir cette défense sans difficulté et piller le quartier sud; l'église Saint Hilaire est elle brûlée? Nous n'en n'avons pas témoignage. Les assaillants se portent ensuite sur le centre ville où la majorité des habitants se replie en hâte derrière les murs de la cité, ce qui permet aux hordes musulmanes de traverser l'agglomération et de piller à leur aise. Satisfaits du butin trouvé dans les boutiques et les échoppes établies le long de l'itinéraire central, ils se dirigent à nouveau vers le nord, avec, pour objectif, la ville de Tours mais leur destin sera celé les jours suivants à Moussais (la Bataille). La vie reprend dans le quartier Saint Hilaire pour un bon siècle de quiétude. Les prochains assaillants seront les Vikings et cette fois les envahisseurs viennent du Nord. Ils attaquent la ville une première fois en 857 mais semblent avoir échoué devant la cité forte. Ils reviennent en 863 pour piller et saccager les faubourgs. Le quartier Saint Hilaire est du nombre et l'église est brûlée. Les Scandinaves reviendront en 865 mais il n'y a plus rien à piller hors l'enceinte qui est maintenant fermement défendue.

LA RENAISSANCE ROMANE

Poitiers se relève rapidement de ses ruines et, dès 950, sa population entend manifester sa foi chrétienne avec force et conviction. Les églises de la cité et des faubourgs seront agrandies ou reconstruites mais sur des plans et selon des procédés légués par le Bas Empire. Nous allons retrouver la traditionnelle basilique paléochrétienne, très fragile, avec ses élévations portées par des files de colonnes monolithiques récupérées sur les ruines des édifices antiques. Figure également la basilique d'Aquitaine avec nef unique garnie de tribunes latérales en bois et dont l'abside polygonale est de même ouverture que la nef. Parallèlement, et comme nous l'avons abordé dans les caractères généraux, les chrétiens construisent des églises plus modestes avec trois vaisseaux sous un même comble mais avec des élévations rustiques basées sur des piles maçonnées et Poitiers va se trouver au chœur de cette renaissance architecturale

LA CATHEDRALE

En ce lieu, sur la pente menant vers le Clain, les édifices religieux se sont succédé sans interruption depuis 350 au temps de l'illustre Saint Hilaire. Dans ces conditions, peut on admettre que l'église mère de la cité ne fut pas reconstruite à l'époque romane tandis que toutes les autres l'étaient? Non de toute évidence. D'autre part, la cathédrale est le seul édifice religieux de la cité reconstruit en gothique tandis que toutes les paroissiales et abbatiales des faubourgs conservaient leur ouvrage de l'époque romane. A cela nous proposons une bonne réponse. Reconstruite après l'An 1000 sur un plan grandiose, la cathédrale allait résister aux aménagements de la première moitié du XII°s. mais paraître bien archaïque dès 1160.

Le terrain est en forte déclivité vers le Clain et, dans ces conditions, le plan le plus satisfaisant, celui qui n'engage que peu de remblais et de déblais, était nécessairement court et très large et la basilique traditionnelle a trois ou cinq nefs de structure légère et couverte sur charpente convenait parfaitement. Quelle était son importance? Aujourd'hui la cathédrale gothique doit absorber une forte dénivellation et les deux premières travées orientales reconstruites avec voûtes angevines de 1162 à 1181 se situent au delà d'une rupture de pente de plusieurs mètres. S'agissait-il d'un simple mur de soutènement réalisé au début du XI°s. pour assurer l'assise du chevet de l'An 1000 ou du premier tracé de l'enceinte basse comme je l'ai suggéré? Le problème demeure, mais l'arrêt momentané du chantier, en 1181, nous indique clairement que l'ouvrage venait de rencontrer l'œuvre précédente. Nous avons ainsi une limite orientale. D'autre part, les deux tours occidentales vont nous donner la façade ainsi que la largeur de cette nef romane. Enfin, les deux croisillons maladroitement intégrés dans l'ouvrage gothique très homogène semblent reprendre la surface consacrée d'un ancien transept. Nous avons constaté le même phénomène à Chartres où la crypte de Fulbert récupère l'espace consacré des croisillons carolingiens.

A Poitiers, ces diverses observations nous donnent le volume de la cathédrale de l'An 1000. Résumons ses caractères. Le grand transept correspondait à l'espace des croisillons gothiques et une grande abside non voûtée occupait la partie centrale de la troisième travée. Celle ci était peut être flanquée d'absidioles vastes et de même nature. Enfin, la nef romane correspondait aux travées cinq, six, sept et huit de l'ouvrage actuel. Pour des raisons que nous ignorons, cette nef romane était légèrement tronconique et pour rejoindre les deux tours de façade la seconde campagne de l'ouvrage gothique, réalisée de 1200 à 1240, reprendra le même dessin. En résumé, nous venons de tracer un plan très proche de celui que nous pouvons restituer pour Saint Hilaire dans sa facture XI°s. Le constructeur de cette dernière a-t-il copié l'ouvrage de la cathédrale ou bien inversement? A tout seigneur tout honneur, nous dirons que c'est la cathédrale qui fut la première œuvre basilicale construite à Poitiers et pour cela nous devons la situer de 990 à 1120/1130, soit une période légèrement antérieure à celle donnée pour la première réalisation de Saint Hilaire.

NOTRE DAME LA GRANDE

Sur un fascicule précédent, nous avons traité de cette église qui occupe le cœur de l'ancienne cité sur un espace proche du forum et nous avions dégagé de son plan contemporain le volume d'une basilique d'Aquitaine. L'ouvrage comportait tribunes latérales en bois, grande abside polygonale et façade encadrée de deux tourelles d'escaliers donnant sur les tribunes latérales. Cependant il est peu probable que cette église qui devait dater du Bas Empire dans sa première facture soit parvenue en l'an 1000 sans modifications d'importance. Les tribunes en bois constituaient le point faible du parti et le meilleur chemin pour la propagation des incendies survenus à proximité du sol. C'est cet aménagement qui sera le premier mis en cause grâce à des piles de pierres ultérieurement reliées par des arcades légères formant deux élévations internes. L'enveloppe basilicale de Notre Dame la Grande a-t-elle subi cette transformation sur le IX°siècle ? C'est très probable. Et le chevet qui connaît un léger désaxement fut sans doute reconstruit ou allongé par la même occasion. La petite crypte située sous l'abside et qui est sans rapport avec les aménagements hauts peut dater de cette époque. Cette refonte réalisée dans les siècles précédent l'An 1000 expliquerait que les premiers travaux de l'époque romans ne soient intervenus que vers 1070 avec l'installation de chapelles rayonnantes et la décomposition du sanctuaire en deux espaces distincts : un déambulatoire et l'hémicycle prolongé, tous deux voûtés. Le volume de l'ouvrage incita le constructeur à installer de hautes colonnes et c'est dans ces conditions que le chevet à grand développement et sanctuaire aveugle qui s'imposât en Poitou acquit ses caractères. Sous la contrainte de l'enveloppe externe le découpage rayonnant est très irrégulier et les voûtes d'arêtes qui le coiffent sont fortement gauchies, cependant, la hauteur des arcades du sanctuaire indique clairement que le constructeur avait renoncé au berceau annulaire caractérisant les ouvrages antérieurs, le sanctuaire recevait, lui, un cul de four prolongé d'une section de berceaux sans doubleau intermédiaire. Ces aménagements précoces ne sont pas rationnels mais ils marqueront les réalisations futures; l'ensemble du chevet de Notre Dame la Grande voit ses caractères fixés vers 1070 et son achèvement intervient vers 1090.

L'église située au cœur du vieux Poitiers avait, selon ses paroissiens, un retard à rattraper et de gros moyens sont mis à la disposition du maître d'œuvre qui poursuit ses travaux côté nef mais après une légère interruption dont la face ouest des piles orientales du clocher porte témoignage. Ces quatre puissants supports seront liés par des arcs en plein cintre soutenant une voûte de volume empirique tandis que les bas côtés dont les élévations sont reprises par des arcs externes reçoivent des voûtes d'arêtes sur plan barlong. Ici les options sont prises vers 1095 et l'achèvement des parties basses est antérieur à 1105. Dès cette date le programme de la nef est fixé. Les murs externes seront repris en parement et structurés de grandes arcades montant jusqu'à la corniche, et les bas côtés des travées ainsi constitués seront dotés de voûtes d'arêtes tandis que la nef recevra un berceau plein cintre avec doubleaux. Le grand berceau est basé sur le niveau haut des voûtes d'arêtes latérales, ce qui est moins favorable que les trois niveaux alignés, formule ultérieurement exploitée par les constructeurs de la province.

Les cinq premières travées sont d'un pas régulier mais les trois suivantes s'allongent progressivement pour partager équitablement l'espace délimité par une façade existante, celle de la basilique d'Aquitaine, sans doute, mais elle ne convient plus à l'ouvrage nouveau qui sera clôturé par la belle façade que nous voyons aujourd'hui et qui fit la gloire de Notre Dame la Grande. Sa date d'édification est également incertaine. Nous proposons les années 1130/1140 ce qui pourrait expliquer la présence d'arcs brisés au premier niveau mais une autre hypothèse peut être proposée. Le gros œuvre de cette façade serait achevé vers 1125/1130 et ce sont les sculpteurs chargés de sa décoration qui vont retailler les arcs du premier niveau. En tout état de cause, les années 1140/1145 voient l'achèvement définitif de l'ouvrage et c'est à cette époque que le clocher reçoit son couronnement.

SAINTE RADEGONDE

Sur la période troublée du Bas Empire, les populations de caractère franc établies dans la vallée du Rhin recherchent de nouvelles terres d'expansion. Ceux, nombreux installés sur le moyen cours du Main entreprennent alors la première marche vers l'est en traversant la province de Thuringe et, là, ils se heurtent fréquemment avec les habitants de cette région. En représailles, vers 529, Thierry et Clotaire, les fils de Clovis, lancent une expédition sur Erfurt où réside Berthaire roi de Thuringe. Cette action qui sera ensuite considérée comme la conquête de la province n'eut pas cette importance. Surpris dans son palais, et trahi par son frère qui désirait lui succéder, Berthaire est assassiné avec ses proches par les assaillants, son frère le sera également et paiera ainsi pour sa trahison. Les trois enfants du roi sont emmenés en captivité. Parmi eux, une fille nommée Radegonde, née en 518, et alors âgée de 11 ans qui sera élevée avec ses frères sous étroite surveillance dans divers domaines mérovingiens.

En 536, c'est une très belle jeune fille de 18 ans et Clotaire qui a recueilli l'héritage de Thierry, mort en 534, décide de la prendre pour épouse. Elle se trouve alors dans le domaine royal d'Athies, près de Péronne. En chemin, elle séjournera dans cette ville puis prendra la route de Clichy où réside la cour. Devenue reine, Radegonde se conduit avec réserve et dignité et si l'union ne fut pas heureuse, elle fut féconde. Après avoir donné plusieurs enfants à Clotaire, la reine affirme vouloir se consacrer à Dieu ce que Médard, év$que de Soissons, lui accordera. Ensuite, elle fit un pèlerinage à Tours puis vécut un temps, recluse dans un domaine royal situé à Faix aux confins nord du poitou.

Voyant qu'il ne pourrait reconquérir sa femme à laquelle il demeurait très attaché, Clotaire lui fera construire un monastère à Poitiers, non loin de la cathédrale. Après la mort du roi survenue en 551, la fondation de Radegonde ne cesse de prospérer et la fondatrice recherche une règle pour gérer les fidèles qui se sont rassemblés dans ses murs. Elle se rend à Arles auprès de Saint Césaire dont elle adoptera la discipline. En 556, les nombreux contacts qu'elle a noués avec les illustres personnages ecclésiastiques de son temps, lui permettent d'obtenir de l'Empereur d'Orient, Justin II, un fragment de la vraie croix et le monastère qu'elle avait fondé à Poitiers prend le vocable de Sainte Croix.

Radegonde qui vécut constamment en condition d'humilité, partageant toutes les tâches des ses compagnes, même les plus ingrates, mourut le 13 août 587, à l'âge de 69 ans. Grégoire de Tours qui assistait à ses funérailles les relate comme empreint d'une grande émotion et, Venance Fortunat qui fit de fréquents séjours au monastère de Sainte Croix, sera son biographe. Ceci est l'histoire très édifiante de la petite princesse de Thuringe mais le cadre et la réalité des faits nous sont mal connus.

L'ABBATIALE

Peu après son inhumation sur les bords du Clain, le corps de Radegonde sera transporté dans une église qu'elle avait fait construire à l'intérieur du cimetière. Ultérieurement agrandi l'ouvrage traversera les siècles sous le vocable de Sainte Marie hors les murs.

Aujourd'hui l'édifice se compose d'une longue nef découpée en quatre travées coiffées de voûtes angevines, d'un chevet à trois chapelles rayonnantes déjà abordé dans les caractères généraux et d'un clocher porche en façade. La nef, d'une largeur de 12,80m sur plus de 43m de longueur, offre le parfait rapport de la basilique d'Aquitaine. De quand date l'ouvrage? C'est un parti dont l'origine remonte au Bas Empire et nous avons vu que les constructeurs avaient renoué, dès le Carolingien, avec une composition à trois vaisseaux sous un même comble. Ainsi, le dessin au sol de l'édifice que nous appellerons Sainte Radegonde peut remonter au VII°s. mais avec une moindre longueur.

L'An Mille sera le temps des mises en cause. A Sainte Radegonde l'abside polygonale est supprimée au profit d'un sanctuaire en hémicycle qui reçoit une élévation interne établie sur un entraxe de 7,40m. C'est peu, mais dans ce genre d'aménagement les piles graciles et des arcs hauts placés, donnent l'impression d'espace, tandis que l'éclairement offert par les fenêtres latérales demeure satisfaisant. A la fin du XI°s. et peut être sous la poussée des grandes arcades de la nef, la façade occidentale donne quelques inquiétudes. La parade est simple, la nef sera précédée d'un gros clocher porche réalisé vers 1090/1100. Deux décennies plus tard, il apparaît que la nouvelle abside ne convient guère à la foule des pèlerins qui se pressent maintenant dans l'église, un chevet à chapelles rayonnantes conviendrait mieux. Sur les fondations du sanctuaire précédent, le maître d'œuvre installe six colonnes qui seront cernées d'un déambulatoires ouvrant sur trois chapelles rayonnantes. L'ensemble est coiffé de voûtes d'arêtes sur le déambulatoire et de voûtes en cul de four avec berceaux sur les chapelles. L'ouvrage est achevé vers 1130/1135 et le mur extérieur doit être reserré (en fer à cheval) pour se lier à l'ancienne nef. L'édifice est alors jugé satisfaisant mais nous supposons que le sanctuaire demeurait aveugle, la couronne de fenêtres sur bases polygonales que nous voyons aujourd'hui est une reprise réalisée vers le milieu du siècle. Un incendie de charpente survenu à la fin du XII°s. imposera une reprise totale de la nef au début du XIII°s. Elle sera décomposée en quatre travées rectangulaires coiffées de voûtes sur croisées d'ogives avec tiercerons selon la facture angevine. Le constructeur a soigné son ouvrage mais négligé l'épaulement. Les petits contreforts alors établis sont insuffisants et seront ultérieurement confortés par les très puissants massifs que nous voyons aujourd'hui. Après ces nombreuses modifications, Sainte Marie Hors les Murs, devenue Sainte Radegonde, traversera les siècles sans grands dommages.

LE MONTIERNEUF LES ORIGINES

Selon les textes, ce monastère neuf construit sur des terrains libres au nord est du centre ville est le mieux daté de Poitiers. En 1075, Guy Geoffroy Guillaume comte de Poitou et duc d'Aquitaine fait commencer les travaux en application d'une pénitence qui lui fut imposée par le Pape Grégoire VII. Ce sont les membres de l'ordre de Cluny qui vont gérer la fondation et le moine Ponce prend la direction de la communauté. Il assure le rôle de maître de fabrique mais c'est un maçon laïque de la région, nommé Mainardus, qui sera chargé des travaux. Ensuite, nous avons plusieurs dates qui vont jalonner la campagne. En 1082, les bâtiments monastiques sont mis à disposition et le 22 janvier, l'abbé Gui et 18 religieux en prennent possession. En 1087, Gui Geoffroy Guillaume meurt et son corps est déposé dans la sacristie pour une veillée funèbre. Il sera inhumé dans l'abbatiale, face à l'autel du crucifix, le maître autel étant consacré quelques années plus tard, en 1090. Enfin, la consécration solennelle eut lieu le 21 janvier 1096 et c'est le pape Urbain II en personne qui officiera.

Nous avons une période de 21 ans et pour la réalisation d'un ouvrage de cette importance, c'est extrêmement court, cependant les auteurs du XIX°s. et du XX°s. ont soutenu qu'il s'agissait bien là des étapes de l'ouvrage actuel, ce que semblent contredire les analyses architectoniques menées avec les caractères généraux. A l'appui de nos dires, nous insisterons sur la conception du chevet où le découpage rayonnant régulier avec voûtes d'arêtes structurées de doubleaux sur le déambulatoire est incompatible avec le XI°s. Nous pouvons articuler nos datations contradictoires de diverses manières.

En première option nous admettrons une programmation d'ouest en est, le lieu d'inhumation du fondateur, face à un autel auxiliaire, pourrait justifier cette méthode mais cela place toujours le chevet sur le dernier quart du XI°s. avec une programmation au sol établie vers 1088/1090 et c'est très peu probable.

A cette époque où les innovations sont constantes et la mode changeante, un ouvrage ne donne jamais entière satisfaction. Après la mise à disposition qui marque l'achèvement d'un programme établi vingt ou trente années auparavant, un nouveau maître plus au fait des dernières conceptions peut proposer des transformations qui aligneront l'ouvrage sur les dernières réalisations contemporaines. D'autre part, la consécration pontificale n'est pas une preuve d'achèvement. Durant son séjour, Urbain II, a consacré d'innombrables édifices religieux et il eut été bien surprenant qu'ils fussent tous achevés en même temps. Le passage du souverain Pontife était une excellente occasion d'organiser une cérémonie solennelle avec une foule de dignitaires de tous ordres ce qui valorisait grandement l'ouvrage en question.

Dans le cadre de ces reprises si fréquentes nous proposerons en première campagne une œuvre légère avec abside, hémicycle, transept et nef réalisée sur les 21 années données par les textes. Vient ensuite une seconde campagne commençant avec un chevet à grand développement réalisé de 1115 à 1135. A l'appui de cette thèse, nous dirons qu'en 1075 l'Ordre de Cluny fait de gros efforts pour s'imposer en Occident mais il n'a pas encore d'architecture propre, les programmes sont menés selon les partis régionaux, comme ce fut le cas à La Charité sur Loire où une datation haute fut également défendue jusqu'à la découverte des piles de l'ancienne église. Mais cette hypothèse avait déjà été très sérieusement suggérée au XIX°s.

UNE OPTION SATISFAISANTE

Le chevet à grand développement fut sans doute la première reprise réalisée sur l'ouvrage du XI°s. et nous ferons quelques remarques sur le traitement de la partie droite. Là sans doute nous trouvons le fil d'Ariane.

Sur les travées droites du chevet, les arcs du premier niveau sont irrationnels. Nous avons dans l'axe une archivolte à simple rouleau mais de profil brisé dont la forme est le fruit d'un retaillage. Par contre, l'arc supérieur, côté nef, est en plein cintre et repose essentiellement sur la colonne engagée flanquant la pile. En bonne logique, cette dernière doit filer jusqu'au bandeau supérieur et supporter le doubleau. Ceci l'approche suivante: l'arc majeur retaillé et précédemment en plein contre serait celui de la primitive partie droite du chevet du XI°s, un ouvrage léger, long de deux travées et clôturé par une abside avec absidioles. Nous aurions là un chevet dont le plan serait proche de celui de Cluny II mais dont l'élévation correspondrait aux ouvrages de la seconde moitié du XI°s., avant que Cluny III n'impose son architecture grandiose. Dans ces conditions, la couronne de chapelles rayonnantes vient ultérieurement, vers 1115, (après l'achèvement du chevet de Paray le Monial) d'où la régularité de son découpage. Par contre, ses qualités esthétiques en font une œuvre régionale inspirée de Saint Hilaire. Enfin nous remarquerons que le point d'épurE des axes des chapelles externes sort de l'hémicycle régulier, conséquence de la reprise. Dans ce cas, les quatre colonnes de l'hémicycle reprennent les fondations de la précédente abside.

Ainsi, l'ouvrage primitif fut bien réalisé selon la chronologie qui se dégage des textes. En 1075, les travaux sont entrepris sur un espace dégagé, probablement des jardins, et le constructeur profite de cette liberté pour réaliser une implantation générale afin que l'église et les bâtiments monastiques soient en harmonie. Comme ces terrains n'ont jamais été construits, il aménage l'ensemble des fondations afin qu'elles puissent se stabiliser sur plusieurs saisons. La nef est basée sur des piles cantonnées avec trois ou quatre colonnes engagées, les bas côtés étant voûtés d'arêtes, le projet comporte sans doute un niveau de fenêtres hautes. Suit un transept classique et un chevet inspiré des réalisations bourguignonnes de la seconde moitié du XI°s. Il comporte une partie droite longue de deux travées clôturée par une abside en hémicycle tandis que les bas côtés qui reprennent l'élévation de la nef donnent sur les absidioles. Ce dessin constitue l'option clunisienne précédant le grand chevet de Saint Hugues et c'est lui qui se diffuse en Normandie. En 1082, les moines qui prennent possession des bâtiments abbatiaux demandent un sanctuaire provisoire et le maître d'œuvre fait achever en urgence le bas coté sud du chevet qui jouxte le réfectoire et le dortoir des religieux. C'est là que le fondateur sera inhumé en 1087. Ensuite, l'activité religieuse impose de privilégier le chevet qui sera mis à disposition en 1089 avec dédicace de l'autel majeur. La consécration par Urbain II en 1090 doit porter sur l'ensemble oriental chevet, transept et peut être quelques travées de la nef.

L'ouvrage est achevé vers 1100/1105 mais la nef et le sanctuaire sont toujours couverts sur charpente. Les aménagements orientaux, et notamment l'installation de la couronne de chapelles rayonnantes, commencent vers 1115.

LES AMENAGEMENTS XII°

En élévation, le maître d'œuvre qui réalise ces aménagements n'a pas les coudées franches. Il doit respecter le niveau de l'arc de croisée et pour établir la voûte en berceau sur la partie droite il prend appui sur une maçonnerie de plaquage basée sur la colonne interne de la pile médiane. Le niveau de ce voutement le mettait également dans l'obligation d'établir un cul de four aveugle sur le sanctuaire. Là, les arcs du rond point reprennent curieusement, et sans raison, les caractères des archivoltes, soit un arc brisé et une surcharge en plein cintre. Il s'agissait sans doute d'une mise en harmonie avec l'aménagement précédent. Toujours dans cette hypothèse c'est lors de cette campagne que les deux chapelles orientées furent installées sur le mur oriental de l'ancien transept, celui de l'occident sera ensuite restructuré pour recevoir la voûte en berceau.

L'ensemble de ces aménagements réalisés sur le chevet et le transept peuvent s'articuler ainsi : les travaux commencent sur la partie droite où les murs externes sont repris, ensuite le constructeur démonte l'abside et les absidioles pour implanter le chevet à chapelles rayonnantes. Ces travaux au sol doivent correspondre à la période 1115/1120. Puis, le chantier se poursuit avec l'installation des voûtes des chapelles rayonnantes du déambulatoire et des bas côtés. Cet ensemble bas est achevé vers 1130. Enfin, le sanctuaire reçoit son cul de four aveugle et la partie droite sa voûte en berceau vers 1135. A cette époque, le maître d'œuvre eut sans doute préféré installer une couronne de fenêtres mais le niveau ainsi atteint aurait dépassé celui de la croisée et imposé des contraintes excessives à la partie droite aménagée.

Ces travaux du XII° concernent également la nef déjà prolongée de quelques travées sur la première décennie du siècle. Ce sont elles qui seront démolies à l'époque classique. Quelle était la composition de l'ouvrage vers 1115? Les bas côtés voûtés d'arêtes avaient probablement reçu une couverture en tuiles maçonnées sur l'extra dos ce qui laissait une hauteur suffisante pour un petit registre de fenêtres hautes, hypothèse que nous avons également proposée pour la nef d'Airvault. Sur le vaisseau central, plafond à caissons où niveau de charpente se trouvait alors 3m environ au dessus du rouleau supérieur de l'arc de croisée.

En ce début du XII°s. les premières travées du grand berceau réalisées sur la nef de Notre Dame la Grande inspirent confiance et ce traitement conviendrait également à l'abbatiale du « Moustier ». L'aménagement est envisagé et ce fut sans doute un échange de bons procédés puisque le maître d'œuvre de Notre Dame la Grande venait de reprendre les supports cantonnés établis sur la nef du « Moustier ». Au XI°s c'était un procédé pratiqué de longue date par les maîtres bourguignons. Les travaux commencent vers 1120, soit peu après ceux entrepris sur le chevet.

Les constructeurs de l'Ouest ont toujours choisi de renforcer les murs extérieurs des nefs afin d'obtenir un volume d'inertie suffisant, refusant ainsi le contrefort qui va s'imposer en Bourgogne. Au Moustier, les maçonneries du XI° seront reprises en parement internes et externes ce qui porte les arcades de flanquement et la corniche au niveau haut de la voûte. Ceci réalisé, Pépaulement est jugé satisfaisant. C'est au cours de ce même programme que les croisillons reçoivent le puissant faisceau de contreforts que nous voyons aujourd'hui. Après ces préliminaires, il faut lancer le grand berceau de la nef, travaux qui coïncideront avec ceux réalisés sur l'abside et le transept. Quels étaient les caractères de cette première voûte? Sans doute étaient-ils très proches du modèle que nous voyons aujourd'hui à Notre Dame la Grande et le berceau se trouvait nettement au dessus des rouleaux des arcs de la croisée soit deux bons mètres de plus que le niveau actuel. Ensuite l'ensemble est couvert sur charpente mais avec un rampant unique selon la tradition régionale d'où un volume de charpente considérable.

Cette campagne d'aménagements XII0 s'achève vers 1140/1150, l'ouvrage a maintenant la facture du siècle mais toutes ces reprises sont loin de valoir un traitement homogène et sur les siècles à venir les faiblesses révélées seront nombreuses. Cette grande abbatiale sera remaniée plusieurs fois sur la période historique. Au XIV°s. les parties hautes de l'abside sont démontées pour laisser place à l'ouvrage gothique que nous voyons aujourd'hui. A la fin du Moyen Age, le flanc sud de la nef, intégré dans les bâtiments de l'abbaye, se comporte bien mais le flanc nord, qui touche aux jardins où le sol est surchargé et dépasse alors le niveau d'assises, justifie de sérieuses inquiétudes. Il faut installer trois énormes contreforts, toujours en place, et sacrifier plusieurs travées ainsi que la façade primitive. En 1640, la tour de croisée s'écroule partiellement. Il faut lancer une campagne de réfection et le grand berceau de la nef, sérieusement affaissé, sera démonté et remplacé par la voûte légère et de très mauvaise facture en place aujourd'hui. Enfin, les architectes diocésains du XIX°s. effectueront les réparations urgentes, le badigeon interne actuel date également de cette époque.


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Enserré entre le cours du Clain et de la Boivre, le site de Poitiers est naturellement défendu, mais les escarpements qui sont importants au rétrécissement (A) s'atténuent en allant vers le confluent pour devenir nuls sur les terres basses (B). Les Gaulois organisent le site avec une agglomération citadelle sur le resserrement et des installations agricoles ouvertes sur les terres basses, qui s'urbaniseront partiellement à la période de la Tène. L'ordre Romain accepte Poitiers comme tel et la voie Orléans-Saintes traverse le site de (C) en (D). S'ensuivent trois siècles de développement avec une ville bourgeoise (E) dotée d'un amphithéâtre (F). Cette grande cité ouverte se ruine progressivement sur le IV°s. et devant l'insécurité régnante les habitants tentent de retrouver l'articulation première afin de bénéficier des murs de soutènement (G), mais bourgeois et commerçants s'accrochent au centre ville (H) à proximité de l'ancien forum (J) avec, sans doute, une enceinte légère (K). De leur côté, les chrétiens vivant dans les quartiers populaires des rives du Clain (L) entendent rester proches de leur lieu de culte et de la cathédrale (M). Cette dualité sera bien gérée par Saint Hilaire mais vers la fin du IV°s., le quartier chrétien sans défense se ferme d'une puissante muraille mais le quartier bourgeois qui contrôle le transit économique de la voie (N) se maintient. En 732, la ville peut s'articuler de la manière suivante: l'enceinte basse fortement peuplée a contraint les artisans à s'installer entre les murs et le Clain (N). Les commerçants occupent toujours la partie haute légèrement protégée. Les habitants du quartier (A) se coupent du plateau avec un fossé (P), enfin les maraîchers exploitent les terres basses (Q).


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Les parties basses bordant le Clain avec Saint Radegonde au 1er plan et la cathédrale au 2ème.


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Poitiers. La cathédrale.


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A Poitiers, le programme de la cathédrale gothique des XIIO et XIIIos. nous permet de dégager le volume de l'ouvrage précédent. Les deux premières travées (A,B) réalisées de 1162 à 1180, se trouvent au delà d'une rupture de pente donnant un remblai (C) ayant servi à l'ouvrage précédent, ce qui nous donne sa limite orientale. A l'ouest, nous trouvons deux tours (D,E) de caractère roman venues flanquer la façade occidentale de cet ouvrage antérieur donnant sa longueur ainsi que sa largeur probable. D'autre part, la première travée réalisée au XIIl°s. (F) de 1200 à 1210, comporte deux croisillons (G,H) qui s'intègrent mal à l'ouvrage et qui furent sans doute édifiés pour recevoir les autels (J,K) précédemment installés dans les chapelles orientées (L). Ces observations nous permettent d'imaginer le volume d'une basilique à trois vaisseaux (M) avec transept (N), grande abside (P) et deux absidioles (Q,R). Sur la coupe perpendiculaire comparée, nous avons restitué l'élévation (S) qui se révèle très proche de celle de Saint Hilaire.


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Le baptistaire sans doute contemporain de St Hilaire.


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Le baptistaire sans doute contemporain de St Hilaire.


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Le baptistaire. Détail de l'appareillage.



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Notre Dame la Grande. Le volume de la nef basilicale d'Aquitaine repris au XII° en structure externe.


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Notre Dame la Grande fut aménagée dans l'enveloppe d'une basilique d'Aquitaine. Le chevet, précédemment gauchi (A) a reçu trois chapelles rayonnantes vers 1070 puis un déambulatoire (B) coiffé de voûtes d'arêtes et un sanctuaire avec six colonnes (C) et un cul de four prolongé d'une partie droite (D). La hauteur de l'ouvrage précédent donne naissance au prototype du chevet aveugle dans la province. Après les piles (E) censées clôturer l'ouvrage (F) le constructeur installe un clocher (G) flanqué de bas côtés (H,J) avec voûtes d'arêtes, ainsi les niveaux à venir sont fixés. Sur la nef, les cinq premières travées (K,L,M,N,P) sont régulières, les bas côtés reçoivent des voûtes d'arêtes et la nef un berceau plein cintre avec doubleau (Q). Les trois travées suivantes (R,S,T) s'allongent pour rejoindre la façade (U) déjà en chantier.


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Notre Dame la Grande. Détail des arcatures de reprise externe.


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Notre Dame la Grande. Située dans l'enceinte bourgeoise, c'est le plus ancien lieu de culte de la cité. Vue des chapelles rayonnantes début du XI°.


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Notre Dame la Grande. La fausse croisée et son clocher.


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Sainte Ranegonde. Vue d'ensemble de la rive st du Clain.


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Sainte Ranegonde.Le chevet et les reprises XII°.


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Sainte Ranegonde.La nef avec ses voûtes angevines reprises fin XII°.


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A Sainte Radegonde de Poitiers, l'édifice actuel est constitué d'une enveloppe basilicale d'Aquitaine (A) de 12,80m de largeur et de 43m de longueur. L'origine du volume peut remonter au VTI°s. mais sur une moindre longueur. Les aménagements latéraux en bois seront démontés au IX° ou au X°s. et remplacés par deux élévations légères (B) à une date indéterminée. Fin X°, début XI°s. la nef est allongée, clôturée d'un mur pignon avec une abside simple en hémicycle (C). A la fin du XI°s. un clocher porche (D) est installé sur la façade ouest. Début XIPs. une couronne de chapelles rayonnantes (E) est construite autour de l'abside reprise avec six colonnes (F) et cul de four aveugle (G). Le mur du déambulatoire est resserré (H) pour se raccorder à l'ancienne nef. Vers le milieu du XII°s. le cul de four est démonté pour installer une couronne de fenêtres. Enfin, début XIII°s. les élévations internes (B) sont démontées pour l'installation de quatre voûtes sur croisée d'ogives angevines (J,K,L,M). Les contreforts insuffisants (N) seront repris en puissance (P).


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Sainte Radegonde. Le sanctuaire din du XI° avec reprises ultérieures des parties hautes.


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Saint Hilaire. Le transpet du XI° (fenêtres obstruées). Parties basses aménagées au XII°.


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En coupe, le volume actuel de la nef de Saint Hilaire demeure proche de la composition basilicale réalisée de 1025 à 1049. La nef, trop large pour être voûtée d'une seule portée, sera décomposée par l'installation de deux files de colonnes (A) qui réduisent la portée à une valeur de 8m (B) ce qui permet l'installation de voûtes en berceau (C) et de coupoles polygonales (D) sur trompes réduites (E). Le voûtement primitif des bas côtés (F) demeure incertain. Coupe probable de la basilique primitive (G).


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Saint Hilaire. Les chapelles rayonnantes du XII° établies autour du sanctuaire primitif.


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Aujourd'hui, l'église Saint Hilaire est constituée de l'ancien transept basilical (A) appartenant à l'ouvrage réalisé de 1025 à 1049, d'un puissant clocher (B) intégré dans le bas côté à la fin du Xi°s., du chevet à quatre chapelles rayonnantes (C) avec déambulatoire (D) et sanctuaire (E) prolongé d'une partie droite. Cet ensemble ainsi que les chapelles orientées (F) date du début du XU°s. Les travaux d'aménagement vont se poursuivre avec une croisée (G) qui implique une élévation auxiliaire (H) dans le transept. Cette croisée va commander également deux élévations annexes (J,K) qui porteront des voûtes en berceau (L) et des coupoles sur trompes réduites (M). Les élévations de la basilique (N,P) sont également reprises-et liées à la nouvelle par deux berceaux longitudinaux (Q,R). Enfin, les bas côtés (S,T) également voûtés seront repris au XVI°s.


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Une partie haute du sanctuaire reprise au XIX°. Couverture en lauzes du XX°.


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Saint Hilaire. Détail d'une chapelle rayonnante du XII°.


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Le monastère neuf. Le déambulatoire et les chapelles rayonnantes XII°.


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L'ouvrage comporte un chevet à grand développement avec chapelles rayonnantes (A) déambulatoire avec voûtes d'arêtes structurées (B) et une partie droite à deux travées (C,D). Le transept (E) reçoit deux chapelles orientées (F,G) et une croisée (H) avec coupole sur trompes (J). La nef (K) aujourd'hui réduite (L) comporte des bas côtés (M,N) coiffés de voûtes d'arêtes et le vaisseau central reçut un berceau plein cintre refait au XVII°s. Contreforts de sauvegarde (P), voûtes sur croisée d'ogives (Q).


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Le sanctuaire et ses reprisesXIV°.


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Si nous acceptons la chronologie proposée, le voûtement de Notre Dame la Grande avec trois vaisseaux sous un même comble, serait le premier réalisé en Poitou. La composition fut commandée par la travée du clocher. Elle repose sur des piles cantonnées (A) portant de grandes arcades en plein cintre (B) à simple rouleau puis des voûtes d'arêtes (C) sur les bas côtés. Ici, les tailloirs sont alignés sur ceux des archivoltes (D). Le grand berceau (E) est lui aligné sur le bandeau supérieur (F) d'où un épaulement insuffisant des réactions (R ). les murs externes furent repris en parement (G). En parallèle, nous voyons la nef du Montierneuf avec les mêmes piles cantonnées (H), les mêmes arcades en plein cintre à simple rouleau (J) et aussi des voûtes d'arêtes (K) sur les bas côtés (L). La voûte primitive était identique à celle de Notre Dame la Grande mais elle sera reprise au XVII°s. de facture légère et surbaissée (M).

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Le Moutier Neuf. Pignon occidental. Aménagement Renaissance après réduction de l'ouvrage.