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Demeures de ville
Avec l'éclatement de la propriété, le parcellaire se transforme en bandes étroites et profondes. Leur largeur se réduit à 6 ou 8m de façade pour une longueur de 40 à 50m et cela va modifier les données de construction. Avec un corps de bâtiment de 12m et plus de profondeur, le volume à traiter est maintenant perpendiculaire à la voie et les murs mitoyens constituent l'œuvre principale. Le pignon a pris la place de la façade. Cependant, au Bas— Empire, les tuiles romaines toujours disponibles, permettent des toitures à faible pente (Al) et le pivotement du comble n'offre que peu d'intérêt. Par contre, dès que la misère des temps impose le recours au bardeau, avec forte pente, il est plus rationnel d'établir un comble en perpendiculaire sur 7m que de l'aménager sur une profondeur de 12 à 13m (B.l) avec un faîtage d'une hauteur considérable.
D'autre part, il est bien rare qu'un programme puisse rassembler deux propriétés contigües et, lors des grands sinistres, la période difficile qui suit incite chacun à revivre en provisoire sur l'espace naguère occupé en récupérant ce qui peut l'être. Le temps n'est pas aux projets et la crise a eu pour effet de fixer définitivement le parcellaire. Ces murs mitoyens sont intouchables et mieux vaut bien les exploiter. La demeure se résume vite à l'aménagement d'une structure légère installée entre ces deux bonnes maçonneries.
Traitement bas-empire (A)
La société romaine avait produit des briques en quantité considérable, et sur le premier millénaire il en reste suffisamment pour structurer les bâtisses avec des piles d'angle (A,2). Au premier niveau, le mur de façade est très ordinaire, souvent maçonné à l'argile, garni de mortier de chaux et de sable parfois accommodé de tuiles broyées. Le parcellaire est trop étroit pour recevoir deux appentis sur cour et la porte donnant accès au couloir (A,3) se trouve naturellement sur le côté. C'est une période inquiète. Les fenêtres du rez-de-chaussée (A,4) sont très étroites et doivent interdire le passage d'un mal intentionné. Elles sont coiffées d'un linteau de pierre souvent de récupération.
Le deuxième niveau est traité beaucoup plus léger, même si des piles de briques l'assurent toujours aux angles. Bois et pisé s'imposent dans la façade mais les fenêtres sont plus grandes, la croisée est en bois et la clôture s'obtient avec des volets de bois pleins. Le troisième et dernier niveau est de même nature, mais plus léger encore. Enfin, un grenier séchoir est aménagé sous le comble. Comme le mortier et le pisé qui garnissent la façade sont sensibles au ruissellement, les niveaux sont en encorbellement successifs, traitement qui s'accentue à l'étage du grenier (A.5). Le larmier peut déborder de 3 à 4 pieds sur les fondations. C'est dans ces demeures de ce type que vont se développer, sur plusieurs siècles, des murs mitoyens très puissants qui serviront de structures aux bâtisses légères du Moyen-Age.
D'autre part, il est bien rare qu'un programme puisse rassembler deux propriétés contigües et, lors des grands sinistres, la période difficile qui suit incite chacun à revivre en provisoire sur l'espace naguère occupé en récupérant ce qui peut l'être. Le temps n'est pas aux projets et la crise a eu pour effet de fixer définitivement le parcellaire. Ces murs mitoyens sont intouchables et mieux vaut bien les exploiter. La demeure se résume vite à l'aménagement d'une structure légère installée entre ces deux bonnes maçonneries.
Haut moyen-âge(B)
L'apparence va se modifier profondément mais le cadre architectonique demeure et les moyens disponibles ne changent guère. A chaque reconstruction, la bâtisse nouvelle se réinstalle dans le volume ancien. Par contre, le large accotement qui facilitait la circulation à l'époque antique se trouve progressivement "grignoté" et la façade se détache des murs mitoyens fixés par les constructions contigues. Les piliers latéraux (B,2) se distinguent des maçonneries. Tous les niveaux sont réalisés en bois et torchis et chacun est en encorbellement sur le précédent, disposition qui assure un encastrement des solives. Les fenêtres sont à croisée de bois et les vitrages en losange sertis de plomb font leur apparition, mais c'est une fourniture coûteuse et les surfaces garnies restent faibles. Enfin, pour des raisons déjà analysées, la façade devient pignon et la couverture en bardeau jouxte la voisine. La collecte des ruissellements se fait avec des plaques de plomb, le chéneau caractérisé viendra ensuite.
Constructions C et D
Dans les villes et bourgades ouvertes, les commerçants et artisans qui vivent du contact avec la clientèle recherchent les emplacements fréquentés : place centrale, place de l'église ou rues passantes; ce sont des endroits où le mètre linéaire de passage devient vite très cher et les parcelles se réduisent souvent après succession et partage. Dans ces conditions nous pouvons rencontrer des constructions très étroites dont la façade est voisine de 12 pieds ( C), ce qui réduit considérablement les possibilités d'aménagement. Elles sont utilisables en boutiques d'objets à forte valeur ajoutée et, pour éviter les vols, ces marchandises sont offertes à la vente sur un comptoir intérieur accessible par la porte (C 1 ). Les trois niveaux supérieurs (C2, C3 et le comble C4) sont réservés à l'habitat et comme les parcelles sont généralement profondes, la couverture (C5) se trouve en perpendiculaire à la façade, ce qui impose des chéneaux mitoyens en plomb (C6).
Cependant, toujours en ville ouverte, la course à l'emplacement favorable n'est pas nécessairement la meilleure solution, les contraintes y étant souvent excessives. Ainsi bon nombre d'artisans commercialisant eux mêmes leurs produits vont s'établir hors ces lieux à trop forte concentration et se rassembler à plusieurs pour former un nouveau centre d'activité. Là, le parcellaire choisi sera plus grand et l'histoire montre que la taille optimum se situe autour de 72 pieds.
La construction (D) est proche de cette condition et nous l'avons représentée sur angle, soit avec une rue latérale ou, le plus souvent, avec un passage voitures. Si la construction (C ) précédemment présentée est entièrement bois et torchis, la (D) dont les abords sont encore accessibles aux chariots sera bâtie sur une base en dur. Le premier niveau sur une hauteur de 12 pieds environ est percé de deux vastes ouvertures en arc brisé (Cl et C2) et d'une porte (C 3) donnant directement accès aux niveaux supérieurs qui sont au nombre de deux (C4 et C5) plus les combles généralement réservés à la domesticité. Nous avons représenté le troisième niveau avec une vocation bourgeoise disposant d'un faux pignon (C6).
Bien que la situation de la construction D permette d'amener matériaux et produits lourds par chariots, les étages supérieurs sont toujours en colombage et torchis qui ne demandent que des pièces de bois de taille modeste. Seules les poutres des planchers, d'une taille conséquente, seront transportées par chariots, tandis que les petites pièces de bois seront véhiculées en charrette à bras.
Les couvertures sont en bardeau de chêne mais, dans certaines provinces, comme en Alsace, ces derniers seront remplacés par des tuiles de même forme, soit arrondies en partie inférieure mais la transformation engendre un excédent de poids qui provoque l'affaissement des charpentes et parfois la ruine de l'ouvrage. A l'époque gothique, les niveaux supérieurs des constructions ont presque toujours joué la légèreté.
Construction mixte ordinaire
Au XII°, les faubourgs se sont étoffés et l'espace urbain situé hors les murs ne se distingue guère de la cité. Le volume de la muraille du Bas-Empire subsiste mais ses caractères défensifs ont disparu et souvent elle est encombrée de constructions ordinaires. Tous ces programmes ont absorbé la totalité des matériaux durs récupérables sur le site. Il faut maintenant s'approvisionner dans les carrières qui ont retrouvé une certaine activité à la demande des grands programmes. Les pierres de grosse taille destinées à l'appareillage sont réservées aux monuments de prestige mais leur extraction à livré un gros volume de déchets sous forme de petits moellons. C'est un sous produit offert à moindre coût mais le transport demeure très coûteux. Si les chariots sont maintenant de bonne qualité les chemins restent très mal carrossés et difficilement praticables hors la bonne saison. D'autre part dans la ville, les rues sont étroites, encombrées et, dans la plupart des quartiers à forte densité, comme dans les programmes sur cour, il faut finir le transport des matériaux à dos d'homme. Dans ces conditions le bois reste majoritaire. A volume égal, le bâtiment de bois et de torchis est quatre à cinq fois moins lourd que la construction en dur. Ces conditions vont peser sur le développement des programmes.
Parmi les sous-produits de carrière amenés en ville, une petite quantité de pierre sommairement appareillée sera réservée au soubassement (A), à des piliers (B) ou structures d'encadrement (C), mais les fenêtres restent aménagées dans des cadres bois. Enfin, les volumes intermédiaires (D) qui doivent soutenir la charge des niveaux supérieurs sont réalisés en blocage de moellons. Ainsi traité le premier niveau représente un bon compromis pierre et bois qui prend en compte les conditions du marché, par contre, il n'est pas de nature à supporter des étages en dur.
Souvent ces programmes traînent en longueur. Apparaissent alors les bois en diagonale (E) faisant office de contreventement. Ils permettent de monter la structure et même d'achever la couverture avant d'aborder l'aménagement intérieur. Ce mode de construction se généralisera au XIII°. Il permet d'atteindre le hors d'eau au plus vite, dans la bonne saison.
Chacun des niveaux supérieurs est réalisé en encorbellement sur le précédent (LA). Les bois verticaux (F) sont couronnés d'un longeron (G) qui reçoit les solives (H) munies d'un léger emboîtement, ensuite, un second longeron (J) prend place à l'extrémité des solives, c'est lui qui portera les structures de l'étage supérieur. Ce montage en superposition, qui n'entaille que très peu les bois, préserve leur aptitude mécanique beaucoup mieux que le système tenon et mortaise. D'autre part, la disposition assure un encastrement des solives qui retarde le fléchissement des planchers sous la charge. Voyons le comportement mécanique (I,B)- Sur un appui (K) la charge de la cloison (P) compense celle portée par le plancher (P').
L'occupation urbaine devient très dense. Les bâtisses naguère traitées comme des maisons rurales avec un seul corps de 6 à 7m de profondeur, et une portée unique sur poutre maîtresse, laissent place à des ouvrages à deux corps de 11 à 12m de profondeur. La structure médiane (X, X') sera également en bois sur fondations en dur. Une grosse pierre plate (L) porte un poteau (M) qui reçoit une pièce de bois en guise de chapiteau (N). C'est l'assise d'une une grosse poutre longitudinale (P) destinée à recevoir les solives (Q). Nous retrouvons la disposition en éclaté sur le détail II. Comme pour le montage de façade, l'accrochage horizontal est assuré par de légers emboîtements qui n'entament pas les aptitudes mécaniques de la pièce de bois.
Cette disposition se retrouve au niveau supérieur avec naturellement des poteaux en correspondance. A la base du comble, comme les doubles solives (R, S) ne permettent plus un montage sur faisceau, le faîtage (T) est porté par un poteau (U) et les pièces de bois faisant office d'arbalétriers (V) sont accrochées au sommet. Comme les portées sont grandes, les charpentiers ont recours à des contreventements internes. C'est la que se développe le système tenon et mortaise. Une ferme traditionnelle exigerait pour l'entrait une poutre de 11m de long de section homogène. C'est une pièce rare et de surcroît difficile à introduire en centre ville.
Ce mode de construction se révèle satisfaisant et se généralise dans les programmes économiques. Sa faiblesse majeure est le manque de stabilité latérale. Ce sont les cloisons et contreventements qui assurent la tenue mais il arrive que l'ensemble fléchisse côté façade ou revers. Latéralement, il est toujours maintenu par les volumes voisins. Les constructions d'angle doivent être abondamment contreventées (W) avec garnitures maçonnées (Y) qui ne risquent pas de s'écraser comme le pisé ou le torchis.
Maisons d'artisans
Dès le XI°, les cités tirent quelque profit de la renaissance rurale et les faubourgs hors les murs sont les plus aptes à recevoir les activités en développement. Les artisans s'installent et construisent leurs ateliers sur un terrain urbanisé à l'époque romaine et, dans le sol, les matériaux récupérables abondent. Certains qui gênaient le travail des jardiniers sont déjà extraits, empilés en murets et prêts au réemploi, d’autres apparaissent à chaque excavation. La maison d'artisan hors les murs a donc les meilleures chances d'être édifiée en dur mais en maçonnerie fort médiocre.
En condition pauvre, l'art de bâtir connaît une certaine stabilité. Les programmes sont conditionnés par les moyens disponibles sur place. D'autre part, il faut répondre à la demande qui est pressante et tirer le meilleur parti de toutes choses. Les procédés archaïques s'imposent. Ainsi les bâtisses du Haut Moyen-Age portent la marque du lieu plus que celles d'un style et les caractères généraux demeurent ceux des siècles sombres. Les murs sont en moellons maçonnés à l'argile et, si la densité de pierres dures augmente en surface, l'idée du parement appareillé n'est pas encore admise; les rares pierres convenablement taillées sont réservées aux boutisses et encorbellement établis sur les angles (A et B), ainsi qu'aux encadrements des portes et fenêtres du rez-de-chaussée (C et D), là où les charges sont les plus fortes. La majorité des linteaux (E et F) est en bois, cependant, quelques grosses pierres retrouvées çà et là, permettent d'aménager des encadrements en dur (G et H).
Le troisième niveau qui se confond avec le comble est essentiellement réalisé en bois et torchis. Il est en encorbellement (J) sur solives (K) et comporte un niveau sous combles (L) percé de grandes lucarnes (M). En principe, là seront engrangés la paille et le fourrage nécessaires aux animaux de trait que possède l'artisan mais le développement de l'entreprise va modifier ces conditions. La couverture est en bardeau, avec un second niveau de petites lucarnes (N) qui complètent la ventilation. L'étanchéité du faîtage est assurée par des feuilles de plomb (P). Enfin, l'activité artisanale proprement dite impose un gros foyer avec cheminée de pierres (Q); le foyer domestique est, lui, installé sur cour, dans une bâtisse annexe et sa cheminée est généralement faite d'argile battu.
La construction est trop profonde (plus de 9m) pour que les planchers soient d'une seule portée mais ces programmes archaïques n'envisagent pas de mur de refend. Les niveaux (R et S) reposent sur une poutre de bois intermédiaire portée par de gros poteaux faits de troncs sommairement équarris. La charpente peut être sur faisceaux mais il faut pour l'entrait une pièce de bois exceptionnelle, ainsi la faîtière est souvent portée par une file de poteaux correspondant aux supports inférieurs. L'entraît composé avec tenons et étriers métalliques est une technique qui s'est perdue. Toute la structure interne est donc essentiellement en bois, autant dire que l'édifice ne résiste pas à un incendie. En s'affaissant, combles et plafonds vont ruiner les murs, seule une partie du premier niveau a quelques chances de résister mais, à la Haute-Epoque, le premier souci de la société médiévale est d'abriter ses activités, non de créer un patrimoine immobilier.
Le programme est essentiellement conforme aux besoins, sans recherche de style. L'atelier ouvre sur deux grandes portes (T, U) et la partie contigüe est occupée par une grande salle commune (V) où s'organise la vie de jour. La famille de l'artisan peut compter dix à quinze personnes, plus les commis et serviteurs au nombre de cinq à dix, c'est donc plus d'une vingtaine de personnes qui s'active dans la bâtisse et la notion d'espace privé est inconnue. Toute la maisonnée mange à la table commune et couche à l'étage dans des espaces sommairement cloisonnés de bois, parfois de simples tentures. Seul le couple des maîtres dispose d'un espace relativement indépendant. Ainsi l'étage est un lieu à dormir et non à vivre et de petites ouvertures suffisent à l'aérer. Elles sont avec embrasures et démunies de cadre bois. L'hiver elles seront obturées de l'intérieur par des volets pleins.
Dès le XII°, la vie du faubourg s'organise de manière plus rationnelle. L'artisan a recours à des prestataires de service et se débarrasse de ses animaux domestiques ainsi que de la paille et du fourrage qui leur était nécessaire. Le comble est alors aménagé en habitat, parfois plus confortable que le deuxième niveau (W). Parallèlement, l'abandon des animaux de trait permet d'exploiter plus rationnellement l'arrière cour où sont aménagés des logements pour les commis qui vivent en famille. Le faubourg qui avait naguère des allures de village prend caractère de ville.
Programme en dur
Dans les villes construites sur des sites rocheux, la pierre est disponible à proximité et parfois des carrières en galeries s'ouvrent en pleine agglomération et là, l'ouvrage en dur va prendre une plus grande part du programme. Il en est de même pour les agglomérations sur cours d'eau où le transport de la carrière aux chantiers peut se faire sur barge. Cependant, les grandes façades de pierre avec ouvertures multiples et planchers de bois ne sont pas exemptes de problèmes. En premier critère de qualité considérons l'appareillage et l'homogénéité des maçonneries. En traitement négligé, un mur ne peut guère dépasser le rapport de 1 à 6, ce qui donnerait, pour une façade à trois niveaux, une épaisseur de base voisine de 2m. C'est excessif. Pour atteindre le rapport optimum de 1 à 12, il faut un appareillage de parements suffisamment rigoureux pour prendre en charge les parties hautes ou alors opter pour une maçonnerie de sable et de chaux avec un parement de moindre qualité. Mais, dans ces conditions, il faut installer des structures et arcs de décharge partout où les effets se concentrent. C'est la voie que vont privilégier les constructeurs romans et gothiques, ceux de la Renaissance reviendront au grand appareil systématique.
L'arc plein cintre avec claveaux bien appareillés est le plus simple. Il s'impose sur la période romane. Sur les accès (A) ou les fenêtres (B) ces structures sont dites portantes mais elles travaillent en décharge (C) au-dessus d'une maçonnerie légère (D) surmontant une croisée (E). Le procédé est intéressant dans les niveaux bas où la charge est grande, par contre, le linteau de bois (F) se révèle suffisant dans les étages supérieurs. Au dernier niveau, c'est généralement un élément de charpente qui coiffe l'ouverture.
Avec un bon traitement, une base de 3 pieds sur assise de 3, 5 pieds est suffisante pour une élévation à trois ou quatre niveaux. Si le premier et le second conservent généralement l'épaisseur nominale, le troisième et quatrième sont traités en moindre épaisseur, ce qui diminue la charge. Si le parement n'est pas régulier, il est préférable de choisir l'aplomb externe (G) afin d'éviter la pénétration des ruissellements. Au premier et deuxième niveau, les fenêtres sont toujours mises en embrasure (H). C'est un dégagement dans l'épaisseur du mur établi sous l'arc et qui permet d'accéder plus facilement aux croisées et volets. En décharge, très tôt les constructeurs seront tentés de remplacer le plein cintre coûteux à réaliser par un secteur d'arc de facture plus rustique, mais cette forme engendre davantage de poussées sur ses bases et c'est une option qui demande réflexion. Parfois également, ces embrasures deviennent coniques, comme celles des fenêtres d'église. La diffusion du jour est meilleure mais l'arc plus délicat à réaliser. Là où les charges hautes sont importantes, l'appareillage rigoureux des claveaux s'impose.
Très souvent, ces façades archaïques en dur tirent profit de l'action des planchers dans leur tenue, ce qui engendre leur ruine complète en cas d'incendie.
Ces constructions sont généralement à un seul corps afin de bénéficier d'une charpente traditionnelle avec entrait travaillant en traction (J). C'est le seul procédé qui n'engendre aucune action sur l'élévation. Pour augmenter la stabilité du dernier niveau avec murs minces, une jambe de force (K) peut être installée sous l'entrait, mais ce dernier n'en tire aucun profit puisqu'il travaille en traction. Avec ce type de charpente, les portées sont limitées à 7,50m ou 8m, ce qui donne un corps unique. Les pièces prennent jour sur les deux façades. Les planchers sont installés sur des solives portées par des poutres maîtresses (L). Pour améliorer l'encastrement et ne pas poinçonner la maçonnerie ordinaire, ces dernières sont souvent posées sur de gros corbeaux de pierre (M).
Au niveau de service les planchers sont recouverts d'une couche d'argile et d'un lit de dalles de pierres polies (N). Dans les étages elles font place à des briques surfacées (P), lustrées au savon. C'est un excellent fongicide qui assure la protection haute des bois. Seuls les étages de nuit sont dépourvus de dallage (Q). Ce traitement des niveaux sur murs porteurs atteint très tôt son point d'achèvement et les procédés traverseront les siècles sans modification aucune; les maisons romanes et les gentilhommières du XVIII sont traitées de même manière.
La couverture peut être en bardeau ou tuiles à crochets sur un comble à forte pente (R) ou en tuiles romanes (S) avec une faible pente, mais ces dernières sont lourdes et le Moyen-Age a perdu la technique des encastrements multiples avec étriers métalliques exploitée par les romains et souvent le poinçon (T) travaille comme une pilette archaïque.